Des fragments du cœur de Louis XIV retrouvés sur un tableau du musée Tavet-Delacour de Pontoise

Le musée Tavet-Delacour de Pontoise, dans le Val d’Oise, se situe dans un bâtiment gothique du XVe siècle qui ne manque pas de charme. Pourtant, le public ne s’y bouscule pas car il ne compte aucune œuvre majeure accrochée aux cimaises. Mais l’une d’entre elles intrigue les passionnés d’histoire. La Vue de Caen d’Alexandre Pau de Saint-Martin possède en effet une particularité royale : elle a été peinte avec un fragment du cœur de Louis XIV. Une révélation permise par les travaux du Dr Philippe Charlier, médecin légiste et archéo-anthropologue, qui le raconte dans Autopsie des cœurs célèbres, son dernier ouvrage, coécrit avec David Alliot.

Alexandre Pau de Saint-Martin a fait l’essentiel de sa carrière pendant la Révolution française et le Premier Empire. La situation économique et politique du pays empêche alors les artistes de se procurer des pigments exotiques et chers pour fabriquer leurs peintures. Depuis le XVIIIe siècle, ils privilégient la mummia (momie, en latin) pour fabriquer les teintes brunes. Certes, la couleur obtenue grâce aux défunts de l’Égypte antique n’est pas vibrante mais elle est symboliquement inaltérable comme ces corps venus du fond des âges. Le brun de momie a une valeur mystique.

Faute de momies orientales, des peintres se consolent avec des locales. Des révolutionnaires ont profané les tombes des rois de France à Saint-Denis entre 1793 et 1794. Le cœur de Louis XIV était quant à lui conservé dans un cardiotaphe en vermeil à l’Église Saint-Paul-Saint-Louis dans le Marais. Le reliquaire a été décroché et fondu à la monnaie de Paris, et le cœur embaumé du Roi-Soleil a atterri entre les mains d’Alexandre Pau de Saint-Martin, qui en a prélevé quelques morceaux pour fabriquer sa peinture brune. Cette couleur est utilisée en 1810 pour peindre la Vue de Caen. Les restes de l’organe sont ensuite...