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Riad Salamé
Le gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salamé.Stringer/AP/SIPA

Riad Salamé : l’arbre qui cache la forêt de la corruption au Liban

PORTRAIT - À la tête de la banque centrale du Liban depuis 1993, Riad Salamé est dans le viseur de la justice pour de multiples affaires de corruption. Les enquêteurs européens sont de nouveau attendus dans la capitale libanaise ce 24 avril.

par Alexandre Aoun
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Au pays du Cèdre, il n’y a pas une semaine sans que le feuilleton Riad Salamé ne connaisse un nouveau rebondissement. Les enquêteurs européens sont de nouveau attendus dans la capitale libanaise ce 24 avril. Propriétés en Europe, montages opaques, holding, paradis fiscaux, sociétés offshores, détournements et blanchiments… Tout l’empire financier du directeur de la banque centrale du Liban (BDL) est passé au crible par les magistrats allemands, luxembourgeois et français. La justice libanaise a d'ailleurs levé son interdiction de voyager pour que le banquier puisse comparaître à Paris, le 16 mai prochain, dans le cadre d’une enquête débutée en 2021.


L’homme de 72 ans est suspecté d’avoir détourné des dizaines de millions d’euros. Auditionné pour la première fois le 16 mars dernier, l’indéboulonnable banquier nie en bloc et répète que son patrimoine est le fruit d’investissements parfaitement licites. Aujourd’hui, compte tenu du marasme économique libanais, il cristallise à lui seul cette méfiance à l’égard des élites libanaises.


De magicien de la finance à « banquier véreux »


Issu d’une riche famille ayant fait fortune dans le cacao au Libéria, il obtient son diplôme en économie à l’université américaine de Beyrouth, et débute très rapidement sa carrière chez Merrill Lynch en tant que gestionnaire de patrimoine à New York. Il gravit les échelons dans la hiérarchie et devient vice-président et conseiller financier de l’entreprise à Paris. Gérant la richesse de Rafik Hariri, il se rapproche de son clan. Le libano-saoudien, alors premier ministre du Liban en 1992, le nomme gouverneur de la banque centrale du Liban en 1993. Au lendemain de la guerre civile, qui a ravagé des pans entiers de la capitale, sa mission est de financer sa reconstruction. Il a ainsi permis à l’État de s’endetter massivement auprès de créanciers étrangers.


Le jeune banquier arrive tant bien que mal à...

Riad Salamé est dans le viseur de la justice pour de multiples affaires de corruption. Il est suspecté d’avoir détourné des dizaines de millions d’euros.


La justice libanaise a levé son interdiction de voyager pour qu'il puisse comparaître à Paris, le 16 mai prochain

Longtemps considéré comme un magicien de la finance, il est aujourd'hui vu comme un « banquier véreux »

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