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Dr Philippe CHARLIER. Ce qui m’intéresse, c’est faire parler les morts de façon scientifique. Je pense que c’est parce que je suis issu d’une famille de médecins mais aussi parce que j’ai eu un déclic en visitant Pompéi à l’âge de 7 ans. J’ai été frappé par les défunts piégés dans la nuée ardente dont les formes ont été conservées grâce à des moulages en plâtre réalisés par l’archéologue Giuseppe Fiorelli au XIXe siècle. Je pense qu’en mélangeant la médecine, l’archéologie et l’anthropologie, on peut reconstituer la réalité historique aussi bien pour une nécropole mérovingienne que pour un personnage historique. J’essaye de remonter le temps comme si j’avais le corps de Louis XIV allongé devant moi sur la table d’autopsie.
Les techniques de médecines légales peuvent-elles contribuées à élucider des mystères historiques ?
Elles permettent de rouvrir des cold cases grâce aux évolutions de la science concernant l’ADN et la protéomique, l’étude des protéines animales, humaines et végétales. Les protéines nous livrent de nombreuses indications sur l’état de santé d’un individu et sur son environnement avant et après sa mort. En conjuguant ces techniques avec la biologie, la radiologie et la médecine, on peut rouvrir des dossiers médicaux historiques.
Qui vous a donné l’autorisation de faire des prélèvements sur la peinture du musée Tavet-Delacour de Pontoise et sur le cœur de Louis XIV ?
Il m’a d’abord fallu un droit moral pour analyser le cœur de Louis XIV. J’ai donc obtenu l’autorisation du prince Jean d’Orléans, comte de Paris, descendant du roi Louis-Philippe, et de Louis de Bourbon, duc d’Anjou, descendant du Roi-Soleil. Ils se sont d’emblée montrés très ouverts et intéressés par ma démarche scientifique. J’ai ensuite eu l’accord administratif de Serge Santos, le directeur de la basilique-cathédrale de Saint-Denis. J’ai donc pu...
Le Dr Philippe Charlier est le co-auteur d'Autopsie des cœurs célèbres, dans lequel il révèle notamment que des fragments du cœur de Louis XIV ont été utilisés dans la conception de la Vue de Caen, un tableau d'Alexandre Pau de Saint-Martin.
 
                      
                    