des faits
Delphine Ernotte et Gilles Pélisson, PDG de France Télévisions et TF1.
Francois Mori/AP/SIPA

Salto, un fiasco à 200M€ : un projet mal-né

ENQUÊTE 1/3 - Elle devait être un « Netflix à la française ». La plateforme payante de streaming de TF1, M6 et France Télévisions, Salto, n’aura même pas pu souffler sa troisième bougie. Dès le départ, l’entreprise a été handicapée par des retards, des hésitations et des interdictions qui l’ont empêchée de se développer.

par Philippe Latil
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Le 27 mars, le rideau est tombé sur Salto, la plateforme payante de vidéo à la demande créée par TF1, M6 et France Télévision. L’écran noir, un point final rare dans le paysage audiovisuel français et un échec cinglant pour celle qui était présentée comme le « Netflix à la Française ».

À l’annonce du projet au printemps 2018, l’attelage privé-public entre TF1, M6 et FTV semble aussi miraculeux qu’improbable, mais l’heure est grave. À coups de Casa Del Papel, House of Cards et autres Stranger Things, Netflix a déjà conquis 3,5 millions d’abonnés en France, grignote les audiences des chaînes historiques et déstabilise le modèle économique de la télé payante. Les PDG Gilles Pélisson (TF1), Delphine Ernotte (FTV) et Nicolas de Tavernost (M6) décident de contre-attaquer. « Unir les forces des 3 grands groupes télé français face à Netflix était une ambition louable et s’inscrivait d’ailleurs dans un mouvement à l’œuvre en Grande-Bretagne par exemple, avec BritBox, résultat de l’alliance entre la BBC, publique, et ITV, chaîne commerciale », se souvient un ancien cadre de TF1. « Quand Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, nous a présenté en CSE le projet Salto, nous n’étions pas hyper enthousiastes, reconnaît toutefois Antoine Chuzeville, représentant SNJ à FTV. Travailler avec nos principaux concurrents que sont TF1 et M6 paraissait étrange, et le bilan des expériences passées type TPS (bouquet de télévision par satellite qui réunissait TF1, M6 et FTV de 1996 à 2008, NDLR) était mitigé pour nous. Cela n’avait pas beaucoup aidé le service public à se développer. Mais nous savions que cela allait bientôt être la guerre avec Netflix, Amazon et Disney+, et qu’il était donc bien de s’unir. Dans la mesure où Salto permettait d’exposer nos programmes et ne faisait pas planer de menaces sur FTV, nous étions d’accord. Dubitatifs mais bienveillants...

Salto a cessé d'exister. Le projet de « Netflix à la française » a dû faire face à de nombreuses embûches qui ont compliqué et retardé son développement.


En interne, le projet Salto a eu du mal à emporter l'adhésion

La communication autour du projet et des programmes n'a pas été optimale

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