Nora Bussigny est journaliste et autrice depuis plusieurs années. Passionnée d'écriture, elle se spécialise en enquêtes et en investigations qui ont pour trait les sujets sociétaux. Elle enquête, pour Factuel, au sein du pôle France.

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Pour découvrir notre enquête complète&nbsp: <a href="https://factuel.media/france/articles/excisions-malgre-la-loi-francaise-les-victimes-ne-portent-pas-plainte_tco_20504105" target="_blank">Excisions&nbsp;: malgré la loi française, les victimes ne portent pas plainte</a> <a href="https://factuel.media/france/articles/excision-la-chirurgie-reparatrice-objet-dun-bras-de-fer-entre-les-hopitaux-_tco_20506253" target="_blank">Excision&nbsp;: la chirurgie réparatrice, objet d’un bras de fer entre les hôpitaux et les plasticiens</a> <a href="https://factuel.media/france/videos/pendaye-sidibe-lexcision-ne-sarrete-pas-a-laeroport-d-orly_vco_20506654" target="_blank">Pendaye Sidibe&nbsp;: «&nbsp;L'excision ne s'arrête pas à l'aéroport d'Orly&nbsp;»</a> <a href="https://factuel.media/france/videos/excision-nous-ne-sommes-ni-sensibilises-ni-formes-sur-le-sujet-deplore-un-m_vco_20506615" target="_blank">Excision&nbsp;: «&nbsp;Nous ne sommes ni sensibilisés, ni formés sur le sujet&nbsp;», déplore un médecin urgentiste</a>

Le Dr Sarah Abramowicz est gynécologue. Elle pratique la chirurgie réparatrice à l'hôpital de Montreuil. Elle reçoit chaque mois des dizaines de patientes victimes d'excision. Pour Factuel, elle revient sur l'importance d'une prise en charge des victimes dans le cadre d'un parcours pluridisciplinaire.

«&nbspDe mémoire d’homme, nous n’avons recensé aucune plainte depuis 2015.&nbsp» Ce constat est partagé à Factuel par le parquet des mineurs de Seine-Saint-Denis, département français pourtant le plus touché par des cas d’excision. En effet, <a href="https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/sites/efh/files/2022-11/Etude-MSF-Preval-Infographie-Seine-Saint-Denis-octobre-2022.pdf" target="_blank">7,2% des femmes résidant en Seine-Saint-Denis</a> auraient été victimes d’une ablation totale ou partielle des parties génitales. Cette mutilation, appelée «&nbspexcision&nbsp», est illégale dans de nombreux pays. Pourtant, certains la considèrent encore comme une pratique «&nbsptraditionnelle&nbsp». Pratiquée sur des jeunes filles mineures de plus ou de moins de 15 ans, cette mutilation génitale du clitoris et/ou des petites lèvres est encore réalisée aujourd’hui, parfois dès le plus jeune âge. Souvent, elle a lieu pendant les vacances d’été, à l’occasion d’un voyage dans le pays d’origine des parents. Mais il arrive aussi qu'elle soit opérée en France. Cet acte, illégal en France, est généralement effectué à l’initiative des parents ou d’autres membres de la famille par une «&nbspexciseuse&nbsp», mais il arrive aussi que des professionnels de santé le pratiquent, pour des raisons de coutumes. Il peut même donner lieu à des rassemblements festifs pour célébrer l’événement. Pourtant, l’auteur d’une mutilation et le responsable de l’enfant victime peuvent être poursuivis et punis de 10 ans d’emprisonnement, ainsi que de 150.000 euros d’amende, selon le Code pénal. «&nbspLes peines sont aggravées, notamment si la mutilation est commise sur un mineur de moins de 15 ans, si l’auteur est un ascendant ou parent légitime, naturel ou adoptif, ou par toute personne ayant autorité sur le mineur&nbsp», spécifie à ce titre l’article 222-9 du Code pénal. L’excision est encore aujourd’hui présentée par des familles comme une pratique traditionnelle hygiénique, et même protectrice pour les jeunes filles, car elle les rendrait «&nbsppures&nbsp». <h3>Effrayées par l’aspect juridique</h3> Mariatou avait 23 ans lorsque son témoignage, entendu quelques années plus tôt, a fait...

ENQUÊTE 1/3 - Selon une étude publiée en 2019, 125.000 femmes françaises ont subi une mutilation génitale. Malgré son interdiction en 2006 et un grand plan initié par le gouvernement en 2019, les victimes ne portent que très rarement plainte.

ENQUÊTE 1/3 - Selon une étude publiée en 2019, 125.000 femmes françaises avaient subi une mutilation génitale appelée « excision ». Malgré l’interdiction de cette pratique en 2006, et un grand plan initié par le gouvernement en 2019, les victimes ne portent que très rarement plainte. Conflits familiaux, méconnaissance des droits et sentiment de trahison peuvent freiner les femmes concernées, même adultes.

ENQUÊTE 1/3 - Selon une étude publiée en 2019, 125.000 femmes françaises ont subi une mutilation génitale. Malgré son interdiction en 2006 et un grand plan initié par le gouvernement en 2019, les victimes ne portent que très rarement plainte.

L'excision, bien qu'illégale en France, touche de nombreuses femmes françaises.

462,88 euros. C’est la somme prise en charge par la sécurité sociale pour permettre aux victimes d’excision de bénéficier d’une chirurgie réparatrice, si elles le souhaitent, afin de réduire les douleurs chroniques et pouvoir retrouver une sensibilité du clitoris, mutilé lors de l’agression. Depuis 2004, la France est le seul pays au monde à pratiquer ce remboursement. Un engagement qui nous vient de l’un des concepteurs de la chirurgie réparatrice, le docteur Pierre Foldès, déterminé à ce qu’elle soit accessible à toutes les victimes. Le Dr Foldès n’a eu que peu d’élèves, et Factuel s’est entretenu avec l’une d’entre eux, la docteure Sarah Abramowicz, qui officie au sein de l’unité de l’hôpital de Montreuil. Pour la spécialiste comme pour Pendaye Sidibe, que nous avons interrogée dans le <a href="https://factuel.media/france/articles/excisions-malgre-la-loi-francaise-les-victimes-ne-portent-pas-plainte_tco_20504105" target="_blank">volet précédent de notre enquête</a>, les médecins urgentistes et gynécologues sont encore nombreux à ne pas être capables de reconnaître une victime d’excision, ce qui entraîne des risques pour les patientes. <h3>Une méconnaissance des médecins</h3> «&nbspEn formation, nous n’avons jamais eu de cours, ni de représentation d’appareils génitaux excisés. Nous ne sommes ni sensibilisés, ni formés sur le sujet. Je peux même dire que nous sommes beaucoup à ne pas savoir faire un examen gynécologique digne de ce nom&nbsp», confesse le docteur B., médecin pédiatre urgentiste dans un hôpital de Bourgogne. Ayant récemment fini son cursus d’urgentiste, il atteste qu’hormis des internes ayant choisi des stages en gynécologie, ce cursus n’est pas obligatoire. Pourtant, lorsqu’il officie aux urgences pédiatriques, le docteur B. serait comme ses collègues l’un des seuls capables de déceler une excision, et donc d’effectuer un signalement préoccupant. «&nbspJe pense que j’en ai loupées, oui. Avec le flux des urgences, on ne fait pas systématiquement un examen gynécologique, surtout qu’on n’est pas assez sensibilisés. Alors que l’on sait faire un...

ENQUÊTE 2/3 - Face à la méconnaissance du personnel médical, de plus en plus de victimes d'excision expriment leur frustation. Associations et gynécologues critiquent, eux, les chirurgiens esthétiques pour leur pratique de la «&nbspréparation génitale&nbsp», qu’ils jugent trop lucrative ou partielle.

ENQUÊTE 2/3 - Face à la méconnaissance du personnel médical sur le sujet, de plus en plus de victimes d'excision expriment leur frustation. Associations et gynécologues critiquent de leur côté les chirurgiens esthétiques pour leur pratique de la « réparation génitale », qu’ils jugent trop lucrative ou partielle.

ENQUÊTE 2/3 - Face à la méconnaissance du personnel médical, de plus en plus de victimes d'excision expriment leur frustation. Associations et gynécologues critiquent, eux, les chirurgiens esthétiques pour leur pratique de la « réparation génitale », qu’ils jugent trop lucrative ou partielle.

Les victimes d'excision peuvent bénéficier d’une chirurgie réparatrice, si elles le souhaitent, afin de réduire les douleurs chroniques et pouvoir retrouver une sensibilité du clitoris, mutilé lors de l’agression.

Excision : pour les victimes, « la prise en charge doit être multidisciplinaire pour être efficace », estime le Dr Sarah Abramowicz

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