De CB News à Ecran Total en passant par VSD ou Télé 7 Jours, le décryptage de l’univers impitoyable des média m’a toujours passionné. Et de la culture télé-ciné à la culture pop, il n’y a qu’un pas, allégrement franchi à France Soir ou à Palacescope. Aujourd’hui, ce sont les coulisses des plate-formes télé, des réseaux sociaux, de la culture et même du Metavers que j’explore pour en ramener des faits vérifiés et nécessaires à la compréhension de notre époque.

DROIT DE SUITE - En avril, Factuel faisait le point sur l'arrêt de Salto, un projet de plateforme française qui aura coûté 230 millions d'euros. Quelques mois plus tard, que font les acteurs de ce projet avorté&nbsp?

Le 27 mars, le rideau est tombé sur Salto, la plateforme payante de vidéo à la demande créée par TF1, M6 et France Télévision. L’écran noir, un point final rare dans le paysage audiovisuel français et un échec cinglant pour celle qui était présentée comme le «&nbsp;Netflix à la Française&nbsp;». À l’annonce du projet au printemps 2018, l’attelage privé-public entre TF1, M6 et FTV semble aussi miraculeux qu’improbable, mais l’heure est grave. À coups de Casa Del Papel, House of Cards et autres Stranger Things, Netflix a déjà conquis 3,5 millions d’abonnés en France, grignote les audiences des chaînes historiques et déstabilise le modèle économique de la télé payante. Les PDG Gilles Pélisson (TF1), Delphine Ernotte (FTV) et Nicolas de Tavernost (M6) décident de contre-attaquer. «&nbsp;Unir les forces des 3 grands groupes télé français face à Netflix était une ambition louable et s’inscrivait d’ailleurs dans un mouvement à l’œuvre en Grande-Bretagne par exemple, avec BritBox, résultat de l’alliance entre la BBC, publique, et ITV, chaîne commerciale&nbsp;», se souvient un ancien cadre de TF1. «&nbsp;Quand Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, nous a présenté en CSE le projet Salto, nous n’étions pas hyper enthousiastes, reconnaît toutefois Antoine Chuzeville, représentant SNJ à FTV. Travailler avec nos principaux concurrents que sont TF1 et M6 paraissait étrange, et le bilan des expériences passées type TPS (bouquet de télévision par satellite qui réunissait TF1, M6 et FTV de 1996 à 2008, NDLR) était mitigé pour nous. Cela n’avait pas beaucoup aidé le service public à se développer. Mais nous savions que cela allait bientôt être la guerre avec Netflix, Amazon et Disney+, et qu’il était donc bien de s’unir. Dans la mesure où Salto permettait d’exposer nos programmes et ne faisait pas planer de menaces sur FTV, nous étions d’accord. Dubitatifs mais bienveillants&nbsp!&nbsp;»....

ENQUÊTE 1/3 - Elle devait être un «&nbsp;Netflix à la française&nbsp;». La plateforme payante de streaming de TF1, M6 et France Télévisions, Salto, n’aura même pas pu souffler sa troisième bougie. Dès le départ, l’entreprise a été handicapée par des retards, des hésitations et des interdictions qui l’ont empêchée de se développer.

ENQUÊTE 1/3 - Elle devait être un « Netflix à la française ». La plateforme payante de streaming de TF1, M6 et France Télévisions, Salto, n’aura même pas pu souffler sa troisième bougie. Dès le départ, l’entreprise a été handicapée par des retards, des hésitations et des interdictions qui l’ont empêchée de se développer.

Salto a cessé d'exister. Le projet de « Netflix à la française » a dû faire face à de nombreuses embûches qui ont compliqué et retardé son développement.

Nouveau coup dur <a href="https://factuel.media/culture/contents/salto-un-fiasco-a-200-m%E2%82%AC-un-projet-mal-ne_tco_20502639" target="_blank">pour Salto</a> à son lancement&nbsp;: la plupart des opérateurs fournisseurs d’accès à Internet (FAI) refusent de distribuer la plateforme de streaming française. Orange, Free et SFR ont beau distribuer Netflix, ils ne veulent pas de Salto. Seul Bouygues, dont TF1 est une filiale, la propose sur sa box. «Étant également éditeur de chaînes avec TF1, M6, FTV, Paris Première, TF1 Max, Gulli Max etc., nous venions concurrencer les&nbsp;FAI, explique un ex-Salto. &nbsp;Le téléspectateur pouvait en effet se contenter de payer uniquement son accès à Internet et, via sa télé connectée, accéder à Salto, où il aurait retrouvé toutes cette offre de chaînes sans avoir à payer le FAI pour la partie télé». Or, 75% des téléspectateurs souscrivant à une offre triple-play (mobile-Internet-télévision), priver Salto d’une distribution par les FAI revient à signer son arrêt de mort. Des discussions avec Orange avanceront bien, mais sans aboutir. Malgré tout, la plateforme décolle. Fin 2022, elle compte 800.000 abonnés payants (un million avec ceux en période-test gratuite) mais l’on reste loin des 2,5 millions initialement prévus. La tendance est même à la hausse depuis que Salto est disponible sur Amazon, en avril 2022. La chaîne plaît à la fameuse ménagère, dont elle avait fait sa cible. Chaque avant-première de Mariés au premier regard ou des Marseillais suscitent une vague d’abonnés. «&nbsp;Si on avait eu les FAI, on était à 3 millions d’abonnés en janvier 2022 contre 1 million. Salto, c’est un grand gâchis&nbsp;!», reste persuadé un ancien de la maison. Les médias raillent par ailleurs cette plateforme qui pense pouvoir rivaliser avec Netflix, Amazon et Disney+ et leurs milliards de dollars investis dans Emily in Paris, House of Dragons ou The Mandalorian. Le soutien politique semble absent. Alors que les représentants de Netflix ont été reçus par Emmanuel...

ENQUÊTE 2/3 - En décembre 2022, la plateforme ne réunit qu’un million d’abonnés contre 2,5 millions initialement prévus. L’échec de la fusion TF1-M6 signe alors la fin de l’aventure Salto, devenu un objet encombrant pour tout le monde, y compris France Télévisions.

ENQUÊTE 2/3 - En décembre 2022, la plateforme ne réunit qu’un million d’abonnés contre 2,5 millions initialement prévus. L’échec de la fusion TF1-M6 signe alors la fin de l’aventure Salto, devenu un objet encombrant pour tout le monde, y compris France Télévisions.

La plupart des opérateurs fournisseurs d’accès à Internet (FAI) refusent de distribuer Salto, qu'ils considèrent comme un concurrent.

Déçu de l’arrêt de la plateforme, le million d’abonnés à Salto ne devrait pas, au moins, perdre d’argent. Au 27 mars, les abonnements actifs ont été automatiquement résiliés et les clients seront remboursés au prorata du nombre de jours restants sur le mois en cours, ou sur l'année en cours pour l'offre annuelle. Opportuniste, la plateforme de streaming Molotov offre 12 mois d’accès gratuit aux anciens abonnés de Salto. Forte de 420.000 abonnés, elle propose sensiblement le même dispositif que Salto&nbsp;: &nbsp;200 chaînes de télévision, du replay, des séries et des films. Toutefois, faute d’accord commercial, les chaînes des groupes TF1 et M6 ne sont pas disponibles dans l’offre gratuite de Molotov… Ce portefeuille d’un million d’abonnés, un actif que le cabinet BTSG chargé de la liquidation de Salto peut vendre, pourrait intéresser Canal + ou un nouveau service de streaming tel que Paramount+. Les programmes de Salto vont, eux, logiquement retourner chez leurs chaîne-mères et les 50 salariés de la plateforme seront, dans la mesure du possible, recasés chez TF1, M6 ou FTV. La note finale de l’aventure Salto devrait ainsi tourner autour de 230 millions d’euros, une fois que l’on connaîtra précisément le nombre de salariés repris ou licenciés. En 2022, la plateforme aura coûté plus de 46 millions d'euros à M6, ainsi qu’à TF1 et FTV, dont 22 millions au titre des provisions de charges de liquidation. Lors du CSE du 12 avril 2023, la direction de France Télévisions annonçait précisément 62,7 millions d’euros de pertes entre 2020 et 2022. À noter enfin que la plateforme technologique de streaming de Salto était Bedrock, une filiale de M6, qui perd ainsi un important client. Malgré tout, Salto pourrait avoir une suite du côté de FTV. «&nbsp;On se dit que ça serait bien que FTV soit à l’origine d’une...

ENQUÊTE 3/3 - Pour TF1 et M6, l’après-Salto passe par une plateformisation des chaînes, sur le modèle Netflix, nouveau concurrent potentiel sur le marché publicitaire. France Télévisions semble, elle, en panne de projet.

ENQUÊTE 3/3 - Pour TF1 et M6, l’après-Salto passe par une plateformisation des chaînes, sur le modèle Netflix, nouveau concurrent potentiel sur le marché publicitaire. France Télévisions semble, elle, en panne de projet.

Après l'arrêt de Salto, TF1, M6 et France Télévisions ont repris le développement de leurs propres projets. Tous semblent tendre vers une plateformisation de leur offre, pensée en concurrence de Netflix.

DROIT DE SUITE - En avril, Factuel faisait le point sur l'arrêt de Salto, un projet de plateforme française qui aura coûté 230 millions d'euros. Quelques mois plus tard, que font les acteurs de ce projet avorté ?

Salto : retour sur l'échec du « Netflix à la française »

DROIT DE SUITE - En avril, Factuel faisait le point sur l'arrêt de Salto, un projet de plateforme française qui aura coûté 230 millions d'euros. Quelques mois plus tard, que font les acteurs de ce projet avorté ?

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