Sécurité

Condé-sur-Sarthe : agressions, consommation de drogues, départs… Le dur quotidien du personnel pénitentiaire

ENQUÊTE 2/3 - Factuel a pu recueillir les confidences exclusives de gardiens et ex-gardiens de la prison de Condé-sur-Sarthe. Consommation de drogues et alcool pour tenir, divorces, suicides… ces agents pénitentiaires parlent de leur perte de foi causée par cette prison, qu’ils surnomment « le broyeur à vocations ».
Gardien
Les surveillants de prison en colère après l attaque terroriste de Condé-sur-Sarthe où deux de leurs collègues ont été gravement blessés.SICCOLI PATRICK/SIPA
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Si les menaces de mort, tentatives d’agression et intimidations semblent être devenues le lot de tous les gardiens de prison, les violences notables que subissent les agents pénitentiaires de Condé-sur-Sarthe défraient très régulièrement la chronique. « On est habitués à se recevoir de l’urine dessus, des jets d’excréments et des crachats aussi. Le détenu Ahmed Cheikh, par exemple, nous en a fait voir de toutes les couleurs, même de l’exhibition sexuelle ! », détaille, las, Thomas, gardien encore en poste (voir nos preuves). Ses collègues qui l’entourent opinent du chef et énumèrent les violences sexistes, sexuelles et le harcèlement que peuvent également vivre leurs collègues féminines. Fin 2018, un détenu était jugé pour avoir menacé de mort sa compagne par téléphone, mais aussi pour avoir harcelé sexuellement la psychologue de la prison en charge de son dossier. « Ils n’hésitent pas à attendre qu’une surveillante entre pour qu’elle les surprenne en train de se masturber dans l’embrasure de la porte de la cellule », ajoute Jonathan, écœuré.

Tour à tour, le personnel énumère les moments les plus traumatisants à leurs yeux : l’attentat, tout d’abord, les multiples coups de poinçons, stylos, pics ou rasoirs assénés sans crier gare, mais aussi les menaces : « Un jour, le diable en moi va sortir et tu seras un homme mort » (novembre 2021). La dernière prise d’otage en date, perpétrée par Sofiane Rasmouk, connu comme « le violeur de Colombes », dévaste particulièrement les agents. Condamné en 2017 à perpétuité pour une série de viols extrêmement violents, Sofiane Rasmouk a pris en otage deux gardiens le 5 octobre 2021. « Ce jour-là, on entend l’alarme qui retentit, des hurlements dans nos motorolas, et quand ça hurle comme ça, c’est que c’est très grave. Depuis l’attentat, surtout, on s’attend au pire. »

Blessures, humiliations et tentatives de meurtre

Les gardiens racontent que le détenu aurait souhaité...

Appareil photo - nos preuves

Manuscrits, photos, vidéos, etc.

La fracture est marquée entre l’institution et le personnel du centre pénitentiaire d’Alençon-Condé-sur-Sarthe. L’extrême violence à laquelle ils sont confrontés et souvent victimes affecte particulièrement les gardiens qui sont en souffrance psychologique.

Actuellement, la prison affiche plus de 60 arrêts de travail ou d’absence longue durée, soit 1/3 de son personnel.

Des gardiens de prison sont traumatisés, en souffrance psychologique, et certains dérivent vers une dépendance (stupéfiants, alcool) pour affronter leur quotidien.

Les agents pénitentiaires de Condé surnomment la prison « le broyeur à vocation ».

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