Culture

Quand le Qatar finance le cinéma d’auteur : à Doha, un soft power tourné vers l’Occident

ENQUÊTE 1/2 - Si les stratégies d’influence du Qatar à l’international à travers le sport et les médias sont connues, son soft power via le cinéma l’est moins. Pourtant, la petite presqu'île du Golfe persique compte parmi les principaux financeurs des films d’auteur arabes dans le monde.
Doha
Katara, à Doha (Qatar). Le village culturel a été inauguré en 2010, lors du Doha Tribeca Film Festival.Tom Dubravec/ CROPIX/SIPA
par Pierre Kister
5 MIN

Au mois de mars de chaque année, des professionnels du cinéma du monde entier affluent vers Doha, la capitale du Qatar. Le Doha Film Institute (DFI) y organise « Qumra », un grand rendez-vous de projections, masterclass et conférences, où les producteurs, distributeurs et exportateurs de films viennent faire des affaires. « C’est là que les programmateurs des grands festivals vont pour découvrir les films du monde arabe », témoigne le producteur franco-marocain Karim Aïtouna, habitué de l'événement. « Le Qatar est une société schizophrène, et on retrouve cette hypocrisie dans le secteur culturel », témoigne Alex*, qui a travaillé plusieurs années à l’ambassade de France au Qatar sur les sujets culturels. « D’un côté, vous avez un service très conservateur, tourné vers les sujets nationaux et qui censure largement : c’est le ministère de la Culture. Et de l’autre côté, il y a toujours une fondation, tournée vers l’international et à la pointe des sujets progressistes. Dans le secteur du cinéma, c’est le Doha Film Institute. » « On a le même paradoxe avec Al Jazeera », analyse le journaliste Christian Chesnot, auteur du Qatar en 100 questions (éditions Tallandier) : « Vous avez un canal en arabe, qui est très conservateur, et une chaîne en ligne, en plusieurs langues, qui a un positionnement presque “woke” sur les sujets d’actualité. »

Le Doha Film Institute, qui propose plusieurs systèmes d’aides aux films qatarien et étrangers, s’est ainsi imposé en quelques années comme l’un des principaux financeurs du cinéma d’auteur dans le monde arabe, et même au-delà. Des films comme Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, sur l’arrivée des islamistes au Mali (récompensé par 7 Césars en 2015) ou Mustang de Deniz Gamze Ergüven, sur 5 jeunes sœurs tentant d’échapper au mariage forcé dans un village de Turquie (représentant la France pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère de 2016) ont ainsi été cofinancés par...

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