Palestine

Ashraf al-Ajrami : « Le peuple palestinien voit les prisonniers et les martyrs comme essentiels »

Noémie HaliouaMorgan Fialdes
8 min

ENTRETIEN 2/3 - Ashraf al Ajrami a purgé une peine de 12 ans de prison dans les années 1980-1990, après avoir combattu dans les rangs du Fatah depuis le Liban lors de l'opération « Paix en Galilée ». De 2007 à 2009, il a été ministre palestinien des Affaires pénitentiaires et, à ce titre, a participé à la mise en application de la loi sur les versements financiers aux auteurs d’attentats, aux prisonniers ou à leur famille. Il défend cette législation, qu’il présente comme un filet de sécurité sociale, et qui est par ailleurs très soutenue au sein de la société palestinienne.

Ashraf al-Ajrami
Ashraf al-Ajrami.MEMRI

FACTUEL. Merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Avant toute chose, pourriez vous nous en dire plus à propos de vous ? Quelles étaient vos fonctions au sein de l’Autorité palestinienne ?

Ashraf AL-AJRAMI.  Je suis à l’origine un journaliste de presse écrite. Entre 2007 et 2009, j’ai été ministre des Affaires pénitentiaires. Je suis ensuite retourné dans la société civile comme journaliste. Je suis également à la tête d’une association appelée « Damour Company for Community Development », une organisation à but non lucratif qui vise à aider et accompagner les communautés marginalisées en Cisjordanie et à Gaza.

Pourriez-vous nous expliquer précisément quel était votre rôle en tant que ministre des Affaires pénitentiaires ?

Au ministère des Affaires pénitentiaires, nous nous occupons des familles de prisonniers et des martyrs, des Palestiniens emprisonnés dans les geôles israéliennes, mais également de leur réinsertion quand ils sont relâchés. Nous nous chargeons de leur réhabilitation au sein de la société civile et des institutions palestiniennes. Ce sont là les trois objectifs principaux du ministère. Par rapport aux pensions que l’Autorité palestinienne verse aux familles, je crois que c’est notre responsabilité de prendre soin d’eux.

D’ailleurs, nous n’avons pas le choix, c’est un problème national. L’argent versé aux familles de prisonniers et martyrs par l’Autorité palestinienne permet d’éviter qu’elles se rapprochent d’organisations extrémistes. Si l’Autorité palestinienne ne leur versait pas d’argent, beaucoup d’organisations, comme le Hamas ou le Jihad Islamique, seraient prêtes à leur en donner, les entraînant dans leur spirale d’extrémisme allant parfois jusqu’à la violence. C’est dans notre intérêt de les garder sous contrôle, il s’agit de l’image de la nation. Le gouvernement israélien accuse l’Autorité palestinienne de financer la violence avec ces pensions, mais c’est faux.

C’est faux, car il n’y a pas eu d’augmentation de la violence après la mise en...

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