Cinéma : le Chevalier de Saint-George privé de salles françaises

« Joseph Bologne était l’homme le plus accompli d’Europe. » L’éloge, prononcé par John Adams, président des États-Unis de 1797 à 1801, résume d’un trait la vie extraordinaire du chevalier de Saint-George, né en 1745 en Guadeloupe et décédé en 1799 à Paris. Tombé dans l’oubli, le chevalier est aujourd'hui remis dans la lumière par Disney et sa filiale Searchlight Pictures, producteurs du film Chevalier, écrit par Stefani Robinson (Atlanta) et réalisé par Stephen Williams (Lost).

Remarquable compositeur de musique et champion d’escrime, ce fils d’une métisse de la Guadeloupe, né esclave, réussit une carrière artistique et sportive exceptionnelle à la cour de Versailles. À l'époque, Louis XVI et Marie-Antoinette règnent sur une société certes du siècle des Lumières, mais toujours basée sur le préjugé de la naissance et de la couleur. Gendarme de la garde du roi, il rencontre dans un match historique le chevalier d’Éon. Il est ensuite anobli et dirige le Concert des amateurs, le meilleur ensemble musical d’Europe à l’époque. Il compose symphonies, concertos et opéras, mais échoue, par racisme, à prendre la prestigieuse direction de l’Académie royale de musique.

Maître du baroque du 18e siècle, il participe aussi à la Révolution française et mène la Légion des Américains, qui comprend des soldats de couleur, où figure un certain Thomas-Alexandre Dumas - le père d’Alexandre Dumas. Il décède 5 années après sa libération des prisons de la Révolution française, où la Terreur l’a envoyé. Un destin français, singulier, porté pour la toute première fois à l’écran par des Américains. Alors que Les Trois Mousquetaires ont bénéficié de multiples versions cinéma, le Chevalier de Saint George, bizarrement, n’a jamais encore suscité l’intérêt de producteurs français...

Le « Mozart noir » contre Mozart

C’est par un duel d’anthologie au violon, sous les yeux de l’aristocratie française, que s’ouvre le biopic de Disney. « C’est absurde !...