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Israël-Hamas : le double jeu du Qatar

Alexandre Aoun
5 min

Hébergeant des cadres du Hamas, servant de relai à la cause palestinienne, le Qatar est devenu un médiateur incontournable pour la libération d'otages. Grâce à ses canaux diplomatiques, il jouit d’une position stratégique pour étendre son influence.

Qatar israel
Des officiels qataris assistent à une conférence de presse avec Anthony Blinken à Doha, au Qatar, le 13 octobre.Jacquelyn Martin/AP/SIPA

« Le Qatar a joué un rôle clé dans les négociations qui ont permis la libération des otages », explique Umar Karim, docteur en sciences politiques et spécialiste du Golfe à l’université de Birmingham. Après plusieurs jours de négociations, des appels réguliers de la part d’Emmanuel Macron et de Joe Biden aux dirigeants du Qatar, les contacts quotidiens des hommes de Washington Brett McGurk et Josh Geltzer, dépêchés pour l’occasion, ou encore le déplacement des services de renseignement israélien et américain à Doha, dans la soirée du 21 novembre, le Hamas et Israël sont parvenus à un accord pour la libération de 50 otages étrangers détenus à Gaza contre la fin de la détention de 150 prisonniers palestiniens.

Ce compromis n’aurait jamais vu le jour sans l’influence de Doha, qui a joué les entremetteurs. « Le Qatar tente de servir de pont entre les différentes parties prenantes à cette crise », insiste le chercheur. Plus que l’Égypte, depuis le début du conflit entre l’armée israélienne et le Hamas le 7 octobre dernier, l’État du Golfe persique est devenu le pays médiateur par excellence. Pour parler avec le mouvement islamiste gazaoui, il faut s’adresser au Qatar.

Des cadres du Hamas en liberté à Doha

Malgré sa médiation pour la libération des otages, le Qatar n’a jamais caché son positionnement sur le conflit. Le 24 octobre dernier, l'émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en était pris aux pays soutenant excessivement Israël, affirmant que l’État hébreu avait reçu « une autorisation pour tuer ». « Nous disons que trop c'est trop », avait-il déclaré à l'ouverture d'une session du Majlis al-Choura, le Conseil consultatif de son pays.

Ce positionnement géopolitique s’explique en partie par sa proximité idéologique avec la confrérie des Frères musulmans. Il faut remonter aux années 1950-1960, lorsque Nasser chassa les membres de l’organisation d’Égypte. Ces derniers...

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