La mixité sociale à marche forcée
C’est un événement à chaque fois que cela se produit. Un collège va fermer ses portes. Un collège d’un quartier populaire, classé en éducation très prioritaire. Mais ce collège a un défaut : il est géographiquement à un vol d’oiseau très court des quartiers du centre-ville, davantage prisés par les bonnes familles avec les établissements qui vont avec. Ni une, ni deux, à l’occasion de la construction d’un méga collège dans le centre-ville, le ministre puis le recteur ont décidé que ce méga établissement pourrait accueillir une grande partie des élèves de ce collège étiqueté REP+ en plus des deux collèges entiers qui y seront transférés. Ainsi, trois fermetures pour deux transferts directs et un éparpillement des problèmes, pardon, des pauvres, dans les différents collèges alentours.
Bien sûr, on pourrait s’interroger sur la raison qui amène le ministre à tirer cette idée de son chapeau. D’une part, les deux collèges qui seront eux intégralement transférés sont au courant depuis plusieurs mois et ont pu préparer leurs élèves et les équipes à ce chamboulement, et d’autre part, les élèves du collège « REP+ », les plus précaires scolairement et socialement, sont laissés avec leurs enseignants dans un état de surprise totale. Les élèves du quartier en question l’ont appris un vendredi à 10h. Dans 2 ans, plus de collège, vous serez ailleurs dans d’autres quartiers, d’autres établissements, leur a-t-on dit en substance. La veille à 17h, les enseignants découvraient officiellement l’information, malgré des rumeurs qui circulaient déjà en salle des profs. Le vendredi soir à 18h, la presse en était informée.
C’est une bonne chose pour ces élèves. Ils seront dilués dans d’autres groupes avec d’autres enfants, issus d’autres quartiers, d’autres cultures, possédant d’autres habitudes de travail et d’autres traditions scolaires. Ils ne peuvent qu’être tirés vers le haut s’ils prennent goût au travail...
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