Rencontre avec le grillon vietnamien, bientôt dans nos assiettes

S’ils savaient qu’ils allaient bientôt parcourir des milliers de kilomètres pour finir dans la gueule d’un chien européen ou dans une pizza 4 fromages… pour le moment, les grillons de l’une des 18 fermes de Cricket One, à Bình Phước, 100 km au nord de Ho Chi Minh-Ville, semblent vivre une vie paisible. De l’eau, de la nourriture à base de soja, riz et maïs, un logis, pas d’ennemis à l’horizon. A la vue des grands bacs noirs non hermétiques alignés dans le hangar, on se demande d’ailleurs pourquoi ils ne s’envolent pas vers la liberté. « Pourquoi le feraient-ils ? », questionne à son tour Nam Dang, cofondateur de Cricket One, qui ouvre les portes de ses locaux pour la première fois à un média étranger. « Vous l’avez dit : ils ont tout pour être heureux ! Dans la nature, ils vivent en moyenne 60 jours, avec le risque d’être écrasés ou mangés avant. Ici ils sont tranquilles, jusqu’au 40e jour environ », explique-t-il. Ensuite, ils s’endorment à jamais dans une chambre froide, avant d’être transformés en poudre.

100 millions de grillons de Cricket One

Nam Dang, 35 ans, est un entrepreneur visionnaire. Il a baigné dans le monde agricole vietnamien depuis son plus jeune âge. Enfant, il organisait des courses de grillons avec ses amis. L’insecte a toujours « fait partie de sa vie », confie-t-il à Factuel. En 2016, avec son associée, Bicky Nguyen, ils s’interrogent sur les ressources en péril sur lesquels reposent l’économie mondiale : l’eau, l’énergie et l’alimentation. D'après l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la population mondiale devrait atteindre près de 10 milliards d’individus d'ici 2050 et pourrait être confrontée à des pénuries alimentaires. Ils réfléchissent alors à anticiper et développer de nouveaux produits qui nécessitent moins de ressources et qui ont un impact environnemental...