La question migratoire est devenue centrale dans la campagne présidentielle turque.
Turquie : les réfugiés syriens, enjeu de la présidentielle

Des libéraux à l’ultra-droite, en passant par le parti de l’actuel président Recep Tayyip Erdogan, la classe politique turque dénonce, dans son ensemble, le problème migratoire. Dès le début de la révolte en Syrie, en 2011, les réfugiés syriens ont été accueillis chez leur voisin limitrophe : 200.000 en 2013, 2,5 millions en 2015 et 3,6 millions en 2020, ce qui fait de la Turquie le premier pays d'accueil de réfugiés au monde. Désormais en pleine crise économique, Ankara accueille en moyenne 3,5 millions de réfugiés syriens, selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR). Dans le même temps, depuis 2018, la Turquie a sombré dans une récession économique sans précédent : l’inflation ne cesse d’augmenter, avoisinant les 80%, et la livre turque a perdu près de 25% de sa valeur, entraînant une paupérisation de la classe moyenne et une diminution des investissements étrangers. Un virage géopolitique a été amorcé en 2021 par le biais d’un rapprochement avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis dans le but d’obtenir leurs aides. Cela n’a pas suffi à contenir l’appauvrissement national. Dans ce contexte, le Syrien est devenu petit à petit persona non grata dans la société turque : 81,7% de la population souhaiteraient que les réfugiés « retournent dans leurs pays », selon une enquête de l’institut Metropoll. La population locale leur reproche notamment d’être plus concurrentiels sur le marché du travail, en acceptant des salaires à bas coût.
« Bus to Damascus »
À l’aune de l’élection présidentielle du 14 mai prochain, la question migratoire est au cœur des débats. En janvier, le parti de la droite radicale d’Umit Ozdag a lancé une campagne sur les réseaux sociaux intitulée « Bus to Damascus » (bus pour Damas, NDLR), pour appeler à expulser les Syriens vers leur pays d’origine. Depuis sa naissance en août...

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