Le cinéma en Arabie saoudite : la culture au service de l’influence

En 2014, le film Wadjda représentait l’Arabie saoudite aux Oscars du meilleur film en langue étrangère, alors même que le cinéma était toujours interdit dans le pays. Désormais, depuis sa relative ouverture, le Royaume s’engage de plus en plus, à l'image de son voisin et conccurent – le Qatar –, dans le soutien de films internationaux, à travers des structures publiques. C’est ainsi que le sulfureux Jeanne du Barry de Maïwenn, film d’ouverture du dernier Festival de Cannes, a été coproduit par la Red Sea Film Foundation, structure de soutien au cinéma d’auteur du Red Sea Film Festival (RSFF). Après s’être exercé sur des films saoudiens en 2020 et 2021, l’institution a depuis 2022 coproduit 9 films internationaux, dont 5 films français. Les réalisateurs viennent d’horizons divers, mais ont tous en commun d’avoir des origines directes ou indirectes d’un pays du monde arabophone.

Chacun de ces films s’est retrouvé dans une des sélections du prestigieux Festival de Cannes, sauf un, qui a dû se contenter du Festival de Venise (voir liste ci-dessous). À grand renfort de riyals, d’euros ou de dollars, l’Arabie saoudite se voit dans quelques années à la fois en hub du cinéma d’auteur mondial et en Hollywood-sur-la-mer-rouge, avec des productions ambitieuses tournées sur place. En 2022, le Royaume a ainsi accueilli le tournage de Kandahar, film de guerre américain avec Gerard Butler, tourné avec le soutien de la commission du film saoudienne et du ministère saoudien de la Culture. « C’est pour la même raison que les Saoudiens font venir de grands joueurs de football avec des sommes d'argent monumentales, analyse Hédi Khelil, professeur de français à l’Université du Roi-Saoud et  auteur du Cinéma Saoudien. Ce désir de l'Arabie saoudite de devenir une plaque tournante sur la scène sportive, musicale ou cinématographique, ça rentre...