Livret A

Financement de la défense nationale par le Livret A : «  54% des Français refusent que leur argent soit utilisé pour financer la guerre »

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ANALYSE - Après trois échecs parlementaires, le Sénat a adopté une nouvelle proposition de loi visant à flécher une partie de l’épargne du Livret A et du livret de développement durable solidaire vers le financement de l’industrie de la défense. L’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, décrypte les conséquences d’une mesure qui divise les Français et suscite une vive opposition des syndicats.

Char Leclerc
Char Leclerc ISA HARSIN/SIPA

FACTUEL. Concrètement, comment va s’opérer ce financement de l'industrie de défense par le Livret A ?

Philippe CREVEL. L’argent collecté par le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) est réparti entre plusieurs acteurs. 60% de l’épargne réglementée est centralisée au sein du fonds d’épargne de la Caisse des dépôts et consignation (CDC) qui finance aujourd’hui le logement social et solidaire, ainsi que certains projets de collectivités locales. Le reste de l’épargne, à savoir les 40% précisément visés par le texte, est réinjecté par les banques dans le développement ou la création de petites ou moyennes entreprises (PME). Jusque là, celles de l’armement n’en bénéficiaient pas ou peu. Désormais, c’est une partie des 226 milliards d'euros de ces deux livrets qui est concernée par l’affectation à l’industrie de la défense.

Les banques en question pourront financer des prêts pour les 4000 entreprises du secteur et leurs 200.000 emplois. Concrètement, quand il y a un euro de placé sur un Livret A, 50 centimes sont placés à court terme pour assurer la liquidité et 50 centimes sont alloués à des financements de long terme. La défense nationale rentre dans ce cadre.

Plusieurs élus dont Vanina Paoli-Gagin du groupe les Indépendants (centre-droit), estiment que cette mesure est une « solution efficace pour accélérer le passage à une véritable économie de guerre ». Est-ce que le conflit en Ukraine a motivé cette décision ?

Évidemment qu’il y a un lien avec la guerre en Ukraine dans le sens où ce conflit souligne les besoins de notre industrie de défense. Nous avons besoin de produire plus et plus rapidement. Mais cela s’inscrit également dans la nécessité de renforcer les armées françaises. C’est dans cette optique que la loi de programmation militaire a été votée par le Parlement en 2023. C’est un programme ambitieux...

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