CPF

Participation des salariés au CPF : « Une mesure paradoxale »

3 min

ANALYSE - Le ministre délégué des Comptes publiques, Thomas Cazenave, a annoncé lundi 19 février la mise en place en 2024 d’une participation des salariés à leur comptes personnels de formation. Mise en œuvre dès cette année, cette participation forfaitaire est supposée générer 200 millions d’euros d’économies sur un total de 2 milliards, selon le ministre. Fanny Leguen, intervenante RH dans les petites structures, après avoir passé 20 ans dans le secteur de l’industrie et de l'économie sociale et solidaire en tant que DRH, revient sur cette mesure pour Factuel.

Bruno Le Maire et Thomas Cazenave
Bruno Le Maire et Thomas CazenaveJacques Witt/SIPA

Factuel. Quelles sont les implications concrètes de la participation des salariés à leurs comptes CPF ?

Fanny LEGUEN. C’est difficile à estimer pour le moment. À ce jour, les personnes qui se forment le plus sont celles qui ont le plus haut niveau de diplômes, parce qu’elles ont une plus haute compréhension de l’importance de se former et de développer des compétences tout au long de leur vie. Donc, est ce que cette contribution des salariés va freiner ceux qui sont déjà le moins équipés et qui ont le moins recours aux formations tout au long de leur vie ? Je ne saurais le confirmer à ce jour.

Jusqu’ici, par qui les comptes CPF étaient-ils financés ?

Ils étaient financés par les entreprises. À hauteur de 500 euros par an, pour un temps plein et un peu moins pour un temps partiel. Il y avait une obligation d’abondement pour les entreprises de plus de 50 salariés qui ne respectaient pas un certains nombres d’obligations liées à la réforme de la formation professionnelle de 2014 comme par exemple effectuer un entretien professionnel tous les deux ans, ou mettre en œuvre des actions de formation. Quand l’employeur n’avait pas respecté ces obligations, il avait un abondement supplémentaire à faire sur les CPF, ce qui contribuait également au financement. Donc, avant, pour la formation de manière générale, l’employeur avait une contribution, qui était récupérée par des OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés, devenus depuis 2018 les OPCO, NDLR). Ce sont eux qui étaient chargés de collecter les contributions liées à la formation professionnelle et qui ensuite les remettaient à disposition au sein des entreprises, pour financer les formations. Cela a changé depuis la création de France compétence, qui est l’organisme qui gère maintenant la formation professionnelle au niveau national.

Cette participation, demandée aujourd’hui par l’exécutif aux...

Nos recommandations

s
partagez

Partagez une information avec notre rédaction

Factuel Media. Les faits sont têtus, nous aussi.

Découvrez encore plus

abonnez-vous