Immobilier

Réquisition des logements étudiants : « Ce qui va se passer cet été à Paris, risque de se reproduire dans n’importe quelle région de France »

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ANALYSE - Entre 2000 et 3000 étudiants seront délogés au mois de juin afin d’accueillir le staff des équipes sportives  des JO 2024. En effet, dans une décision du 29 décembre 2023, le Conseil d’État estime qu’il n’y a plus lieu de statuer sur le pourvoi en cassation d’un syndicat du Crous, contre la réquisition des logements étudiants dans le cadre des JO. Julie Douarin, lobbyiste en immobilier, agente immobilière, fondatrice et directrice générale de Realtech RT, nous livre ses inquiétudes.

Crous à Toulouse
Crous à Toulouse FRED SCHEIBER/SIPA

FACTUEL. Quelle est votre position, en tant que lobbyiste immobilier, concernant la décision du Conseil d’État de soutenir la réquisition des logements de plus de 2000 étudiants cet été ?

Julie DOUARIN. J’ai fait un petit sondage auprès de ma communauté sur les réseaux sociaux, afin de connaître globalement leur position, sachant que je suis suivie par beaucoup de professionnels du secteur immobilier. Premièrement, j’ai découvert que très peu d’entre eux avaient connaissance de la décision du Conseil d’État du 29 décembre dernier, ensuite sur plus de 500 personnes ayant répondu à la question pour ou contre la réquisition des logements étudiants, la réponse était à 80% contre.

Ce n’est pas une nouvelle qui est très bien reçue ni bien perçue. En tant que professionnels du secteur, on se pose plusieurs questions. Pourquoi ce sont les étudiants qui sont visés par cette décision ? Pourquoi demander aux étudiants qui sont au CROUS, qui est un organisme national, au lieu d’aller cibler le privé ? Au Crous, nous retrouvons des jeunes gens en situation de précarité. Les étudiants représentent une population fragile dont 54% sautent des repas pour raisons financières. Pourquoi ajouter à la pénibilité de leur situation ?

Dites-vous que le gouvernement a ciblé des proies faciles ?

Cette décision soulève, en effet, plusieurs questions. Aurait-on fait ça à un campus de grande école ? Aurait-on fait ça à HEC ? Je ne pense pas. Nous sommes d’accord, le CROUS appartient à l’État et vraisemblablement ils ont le droit de le faire mais l’État ne possède pas que le CROUS. Nous avons un nombre considérable de bâtiments entièrement libres en Ile-de-France, des résidences, des bâtiments appartenant au patrimoine… Nous aurions pu loger le personnel des JO sur ces sites. Et pourquoi ne pas réquisitionner des hôtels aussi ? Ce qui se passe est pour nous incompréhensible.

Si nous...

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