Énergie

Comment l’Allemagne sabote l’industrie nucléaire française

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ENQUÊTE 1/2 - L’antagonisme idéologique et la rivalité économique entre la France et l’Allemagne sur la question du nucléaire se traduisent par des tentatives de déstabilisation de la filière nucléaire française, qui viennent du gouvernement de Berlin, par un jeu diplomatique, ou, de façon plus souterraine, de groupes écologistes.

centrale nucléaire de Bugey
La centrale nucléaire de production d'électricité de Bugey, en France.ROMAIN DOUCELIN/SIPA


En Allemagne,


« Un cheval mort. » C’est ainsi qu’Olaf Scholz, le chancelier allemand, qualifie l’énergie nucléaire, restant fidèle à l’orthodoxie idéologique définie par sa prédécesseuse, Angela Merkel, en 2011. Une position qui n’est pas sans causer des problèmes à l’Allemagne, notamment en termes d’approvisionnement énergétique, qui la place en concurrence directe avec la France, laquelle bénéficie toujours d’un parc nucléaire.

Sur le terrain diplomatique, l’Allemagne sait se montrer redoutable quand il s’agit de l’énergie nucléaire, dont la France est le premier producteur européen. Le 28 août dernier, Emmanuel Macron a prononcé la phrase qui a peut-être inspiré à Olaf Scholz sa métaphore. En plein débat sur la réglementation du marché commun de l’électricité, à travers lequel l’Allemagne tente, selon le président français, de nuire à la filière nucléaire, il a qualifié de « faute historique » la volonté de Berlin de ralentir les investissements dans cette énergie à l’échelle de l’Europe.

Passe d’armes entre la France et l’Allemagne

Si la France demande que les subventions pour les nouveaux actifs nucléaires s’étendent aussi aux anciens, l’Allemagne s’y oppose – ce qui pourrait nuire à la compétitivité française. Cet épisode succède à une longue série de passes d’armes entre les deux pays. Ainsi, après d’âpres négociations, le 16 juin dernier, la Commission européenne reconnaissait que l’hydrogène produit par énergie nucléaire peut être considéré comme décarboné. En dépit de la promesse faite à Emmanuel Macron en janvier, le gouvernement allemand s’y est opposé tant que possible. Puis, le 24 juillet, l’Allemagne créait sa propre réglementation pour indiquer quelles énergies pourront bénéficier d’aides publiques à l’exportation. Dans une note de bas de page, il est indiqué que le nucléaire n’en fait pas partie. Pourtant, en 2022, le nucléaire était classé, dans le cadre de la taxonomie européenne, parmi les énergies de transition, catégorie intermédiaire entre les...

Sur fond de rivalité économique, le gouvernement allemand est de plus en plus critique vis-à-vis de la France concernant la question de l'énergie nucléaire.

Après de difficiles négociations, la Commission européenne, le 16 juin dernier, reconnaissait l'hydrogène produit par énergie nucléaire comme décarboné.

Malgré son engagement envers Emmanuel Macron, Berlin s'est opposé à cette requalification de l'énergie nucléaire. Le 24 juillet, l'Allemagne créait sa propre réglementation, indiquant quelles énergies peuvent bénéficier d’aides publiques à l’exportation. Dans une note de bas de page, il est indiqué que le nucléaire n’en fait pas partie.

En avril 2023, BUND, l’une des principales organisations écologistes allemandes, attaquait la Commission devant la Cour de justice européenne, pour avoir classé le nucléaire comme énergie de transition.

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