Élections européennes

Élections européennes : « Cette dynamique nationaliste va déplacer le point de gravité à droite du Parlement »

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ANALYSE - Les sondages des prochaines élections européennes des 6 et 9 juin semblent annoncer une forte poussée des droites nationalistes partout en Europe. En France, l’écart s’accentue toujours un peu plus entre le Rassemblement national et la liste d’Emmanuel Macron emmenée par Valérie Hayer. Le journaliste Charles Sapin, auteur du livre Les moissons de la colère : Plongée dans l'Europe nationaliste (Éditions du Cerf), revient pour Factuel sur les conséquences de cette poussée au sein du jeu politique européen.

Jordan Bardella
Jordan Bardella s'exprimant devant le Parlement européen en 2022Action Press/SIPA

Factuel. Dans votre analyse de la poussée des droites nationales et populistes en Europe, vous vous refusez à utiliser le terme « d'extrême droite » pour définir ces mouvements. Pour quelles raisons, selon vous, l'utilisation de ce terme n'aide pas à analyser avec justesse ce phénomène politique ?

Charles SAPIN. Je trouve ce terme d’« extrême droite » inconfortable car il n’a pas de définition arrêtée et objective. C’est un mot-valise. Or, le propre des mots-valise est que ceux qui l’emploient y mettent leur subjectivité pour leur donner peu ou proue le sens qu’ils veulent. Si l’on est de la France insoumise, des Républicains, ou de Reconquête, le sens que l’on donne à ce terme n’est pas le même. Un certain nombre de responsables politiques de gauche, jusqu’à l’actuel premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, ont ainsi pu qualifier l’ancien premier ministre de François Hollande, Manuel Valls, « d’extrême droite ». Or, l’objectif d’un journaliste est d’être compris par le plus grand nombre, sans obliger ses lecteurs à rechercher son parcours ou tenter de déduire ses convictions politiques pour comprendre le sens qu’il met derrière le mot qu’il emploie. 

L’acception extrêmement lâche du terme extrême droite pose un autre problème. Il peut englober des objets de nature totalement différente. Il peut ainsi tout aussi bien désigner un totalitarisme génocidaire du XXe siècle, un parti s’inscrivant dans le jeu démocratique, respectant les élections, et les institutions de la République comme des groupuscules violents qui, au contraire, veulent les abattre… Voilà pourquoi, à titre personnel,  je préfère employer le terme de « nationaliste », qui est un terme objectif issu des sciences politiques, et qui permet de rattacher les forces que j’étudie à une filiation historique et idéologique de plus de deux siècles. Ce terme a un autre avantage. Il permet également d’analyser la granularité de ces...

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