International

Espagne : la prostitution fracture la gauche et les organisations féministes

Francis Mateo
6 min

Tolérées depuis près de trente ans, les « maisons closes » sont dans le viseur du gouvernement espagnol et de son projet d'abolition de la prostitution dans le pays. Le sujet fracture les clivages politiques habituels, et divise au sein des organisations féministes.

Manifestation contre la pénalisation de la prostitution
Manifestation contre la pénalisation de la prostitution en septembre 2022Manu Fernandez/AP/SIPA

Jusque dans les plus petites villes d'Espagne, entre la mairie et l'église, il est rare de ne pas trouver un autre établissement emblématique : le bordel. Depuis la dépénalisation de la prostitution dans le nouveau code pénal de 1995, les « maisons closes » ont fleuri dans tout le pays, dans une indifférence quasi générale. Jusqu'à ce que le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez annonce, il y a deux ans, un projet de loi pour en finir avec cette tolérance.

L'initiative politique a été retardée par la dissolution du parlement et des élections qui ont reconduit au pouvoir la coalition du PSOE (Parti Socialiste) et de Podemos, avec l'appui des indépendantistes catalans. Deux ans plus tard, c'est donc la ministre de l'Égalité, Ana Redondo, qui ressort des tiroirs ce projet d’éradication de la prostitution, en annonçant devant les députés : « L'abolitionnisme est l'objectif que nous devons atteindre ». Le texte reprend la proposition de la précédente législature visant à punir de deux à quatre ans de prison ceux qui, « à des fins lucratives et de manière habituelle utilisent un bâtiment, un local ou un établissement, ouvert ou non au public, ou tout autre espace, pour promouvoir, encourager ou faciliter la prostitution d'une autre personne », y compris « avec son consentement ».

Lors d'un premier vote pour adopter le projet, l'Assemblée nationale espagnole s'était divisée en deux blocs très hétérogènes : d'un côté les élus « abolitionnistes » regroupant le PSOE, une partie de Podemos, et le Parti Populaire (droite libérale) ; et par ailleurs les parlementaires en faveur d'un statu quo ou d'une légalisation mieux réglementée de la prostitution (pour protéger notamment les droits des « travailleuses du sexe ») réunissant les partis indépendantistes catalans, des députés d'extrême-gauche (dont quelques élus de Podemos), et des représentants de centre-droit (Junts et Ciudadanos). La formation anti-immigration...

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