Liban

Explosion du port de Beyrouth : l’enquête muselée par le Hezbollah

Alexandre Aoun
6 min

REPORTAGE - Entre chantage politique et menaces, le Hezbollah et ses alliés exercent une véritable pression sur l’appareil judiciaire libanais pour éviter toute enquête indépendante sur l’explosion du port de Beyrouth.

port de beyrouth
Un silo du port de Beyrouth, ravagé par l'explosion.Elisa Gestri/Sipa USA/SIPA

Au Liban,

Dans la capitale libanaise, le souvenir de l’explosion du port de Beyrouth hante les habitants. Les rues, les bâtiments et les échoppes des quartiers environnants de Saifi, Medawar et Bashoura portent en eux les stigmates de la terrible déflagration. 3 ans après, les immeubles sont toujours éventrés, des débris de verre jonchent le sol et de simples plaques en bois tentent de condamner les portes. Lorsqu’on aborde le sujet avec un Beyrouthin, le ton monte systématiquement. « Les Israéliens ont bombardé un entrepôt du Hezbollah, voilà la réalité », s’indigne Qabalan, un sexagénaire tenant une petite épicerie dans le secteur de Gemmayzé. Une chose est sûre, l’enquête stagne. « Dans un pays sans président, sans gouvernement, pouvons-nous espérer une justice ? », s’indigne Khalil, un jeune diplômé sans travail. 

Trois ans après la terrible explosion du port de Beyrouth, qui a fait plus de 220 morts et de 7000 blessés, le 4 août 2020, les investigations continuent d’être bloquées par des entraves à la justice et des menaces visant le juge d'instruction saisi dans l’affaire : Tarek Bitar. Pourtant, le magistrat avait bel et bien repris ses fonctions le 23 janvier, après plus de 13 mois de suspension. Le lendemain, il avait même inculpé le procureur général, Ghassan Oueidate, ainsi que le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, considéré comme proche du Hezbollah, et le chef de la Sûreté d’État, Tony Saliba, proche de l'ex-président Michel Aoun. Mais contre toute attente, le chef de parquet l’a inculpé à son tour pour...

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