Geoffroy Bouvet : « L’aviation est une industrie à risque »
ANALYSE - Geoffroy Bouvet est président de l’Association des professionnels navigants de l’aviation depuis 2011 et ancien président du Syndicat National des Pilotes de Ligne. Il a été successivement pilote puis commandant de bord instructeur chez Air France pendant 36 ans. Pour Factuel, il s’exprime sur le récent incident sur un Boeing B737 MAX-9 d’Alaska Airlines, dont l’une des issues de secours s’est arrachée en plein vol, sans faire de victime.
![Boeing 737 MAX-9 d'Alaska Airlines](https://images.factuel.media/dBx2s-RzFwPx7jTexxd8mNjCjo8=/3840x0/smart/filters:quality(60):max_bytes(300000)/factuel/2024/01/SIPA_ap22615414_000001.jpeg)
Factuel. Au vu de la gravité de l'incident sur le vol de l'Alaska Airlines, peut-on penser qu'il existe un défaut majeur de construction de l’appareil ?
Geoffroy BOUVET. Tous les avions ont des défauts et on le voit bien lorsqu’un avion part en vol, l'équipage effectue une liste d’équipements qui ne fonctionnent pas mais qui n'affectent pas la sécurité, c’est une procédure habituelle. Cependant, les avions ont de moins en moins d’accidents puisque leur taux a été divisé par 50 en à peine un demi-siècle, c’est-à-dire entre les années 1970 et maintenant. La sécurité s‘est profondément améliorée.
À l’époque, les pilotes étaient des pilotes gestionnaires de pannes, maintenant ce sont des pilotes gestionnaires de systèmes. Aujourd’hui, les avions de nouvelle génération sont très automatisés, ils fonctionnent beaucoup mieux même s'ils ont parfois des défauts, mais cela est heureusement rare. Les deux accidents majeurs récents ont eu lieu en 2018 en Indonésie et en 2019 en Éthiopie avec le Boeing 737 MAX-8. On a vu qu’un défaut entrainant un incident mal géré par l’équipage a abouti, dans les deux cas, à l’accident. Il faut que les pilotes et les mécaniciens soient en capacité de répondre efficacement à ces incidents. Pour cela, l’impératif est de les former correctement. Effectivement, il y a des défauts plus importants chez Boeing que chez Airbus actuellement mais ce ne sont, toutefois, pas des défauts majeurs.
Boeing a-t-il privilégié la rentabilité de ses appareils au détriment de leur sécurité ?
Oui et si l’aviation est une industrie à risque, il faut trouver l’équilibre entre la rentabilité et la sécurité des vols. La sécurité des vols à 100% aboutit à la faillite des compagnies car, en mettant trop de moyens dans la sécurité, on ne s’en sort pas, le transport aérien devient un gouffre financier. Lorsque l’on privilégie la rentabilité,...