Palestine

Ghaith al-Omari : « Le Hamas a favorisé l’islamisation de Gaza »

Lea Landman
7 min

ENTRETIEN - Ancien négociateur palestinien et ancien conseiller du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, Ghaith al-Omari est également avocat spécialisé dans les droits de l’Homme. Ce fervent défenseur de la solution à deux États appelle la communauté internationale à soutenir la population palestinienne contre le joug du Hamas à Gaza.

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Ghaith Al-Omari, à gauche, avec son homologue israélien Daniel Levy, à droite. Genève, en 2003.MARTIAL TREZZINI/AP/SIPA

FACTUEL.  À quoi ressemble la vie sous le règne du Hamas ? L’organisation, au pouvoir depuis 2006, a-t-elle sa part de responsabilité dans l’appauvrissement et l’islamisation de la localité palestinienne ?

Ghaith AL OMARI. - Comme de nombreuses organisations de ce type, le Hamas utilise un double langage. Il tente d'envoyer un message à l'Occident, principalement à l'Europe, ainsi qu’à certaines voix progressistes aux États-Unis. Il se présente comme islamiste, mais moderne, démocratique. La réalité est que le Hamas est une organisation théocratique, qui promeut un programme islamiste à Gaza, de manière à engager et impacter non seulement la politique étrangère en ce qui concerne Israël, mais aussi la vie à Gaza elle-même.

Gaza a toujours été une société conservatrice, comme la plupart du monde arabe et la plupart de la société palestinienne. Pourtant, il y avait toujours une certaine marge de manœuvre pour une certaine liberté individuelle, ou du moins une interprétation souple [de l’Islam]. L’organisation est arrivée et a essentiellement supprimé cette marge qui existait. Aujourd'hui, les femmes, même les écolières de 7 ou 8 ans, sont obligées de porter le hijab. Bon nombre des activités culturelles qui étaient considérées comme faisant partie de l'identité palestinienne, comme la danse, la musique, et autres, ont été essentiellement écartées au profit du Hamas. Ainsi, sur le plan culturel et social, le Hamas essaie de créer une société non pas conservatrice, mais plutôt islamisée à Gaza.

Sur le plan économique, l’organisation est également intervenue et a réellement étouffé l'économie de Gaza en détruisant la classe moyenne de deux manières différentes. Lorsque le Hamas a refusé d'accepter les conditions internationales du Quartet [Groupe de médiation pour le Processus de Paix Israélo-Palestinien créé en 2002, composé des États-Unis, de la Russie, de l'Union européenne et des Nations unies], qui stipulent que celui-ci doit accepter une solution...

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