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L’Allemagne se déchire sur l’écriture inclusive

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Tout comme en France , l’écriture inclusive, appelée « Gendersprache », soulève de houleux débats outre-Rhin. La question ne risque pas d’être tranchée par une circulaire de Berlin, culture politique décentralisée oblige.

écriture inclusive
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L’allemand a déjà la réputation d’être une langue difficile, et voilà que la difficulté augmente. En allemand, comme en français, le masculin est employé par défaut. Mais, ces dernières années, les réflexions pour rendre le langage plus féministe font leur chemin. Plusieurs solutions existent, comme citer le masculin et le féminin : « Bürger und Bürgerinnen » (« citoyens et citoyennes »), mais cette forme allonge les textes, et de nombreux militants proposent une version abrégée ;  le langage inclusif à proprement parler, avec des signes médians : « Bürger*innen », « Bürger-innen », « Bürger:innen » ou encore « BürgerInnen ». Si en Allemagne, comme en France, les signes médians sont au cœur du débat, celui-ci ne se pose pas de la même façon outre-Rhin, culture politique décentralisée oblige.

En Saxe, Land de 4 millions d’habitants, le ministère de l’Éducation a pris, le 11 juillet 2023, une décision ferme en la matière. Après en avoir interdit l’usage en classe en 2021, il interdit désormais l’écriture inclusive dans les communications avec les parents, les intervenants et les fournisseurs. Cette décision a une forte portée symbolique, dans un pays où le sujet est particulièrement clivant. L’événement a été largement relayé dans la presse. Il est la dernière manifestation en date d’une campagne menée – notamment par l'Union chrétienne démocrate (CDU) – contre l’écriture inclusive. Lilly Härtig, présidente du conseil des élèves de Saxe, a qualifié la décision de « mauvaise et inutile ». Pour la lycéenne, le renforcement de la politique anti-gender de 2021 serait d’autant plus malvenu que le langage inclusif se serait diffusé largement en Allemagne depuis. Pour la députée au Parlement de Saxe, Luise Neuhaus-Wartenberg (die Linke), à nul ne devrait être interdit d’employer le langage inclusif, et la décision saxonne serait un signal dramatique. « Ce n’est pas le ministère de l’Éducation qui a rejeté les signes médians, mais le Conseil de l’orthographe...

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