La bataille des moulins à vent au pays de Cervantès

En Espagne,

As Bestas, l'un des derniers grands succès cinématographiques du réalisateur Rodrigo Sorogoyen, sorti en 2022, raconte l'histoire d'un couple de paysans français qui s'installent à la campagne, en Galice. Ces protagonistes néo-ruraux se retrouvent seuls à lutter, pour la sauvegarde du paysage, contre l'implantation d'un parc d'éoliennes, face à la majorité des habitants du village qui considèrent ce projet comme une bouée de sauvetage économique. C'est peu ou prou le même scénario qui se joue aujourd'hui à plus grande échelle au Sud-Est de la région d'Aragon, avec le projet du « Maestrazgo », également appelé « Forestalia », du nom de l'opérateur qui doit implanter les 125 éoliennes prévues au total sur ces terres, dont les paysages vallonnés rappellent souvent ceux décrits par Cervantes dans Don Quichotte.

Des infrastructures réparties en une vingtaine de parcs éoliens, sur des centaines d'hectares, pour alimenter 900.000 foyers d'Aragon et des régions avoisinantes. Soit le plus grand parc éolien terrestre d’Espagne, pays où l'éolien est la principale source de production d'énergie (l'an dernier, les éoliennes ont permis de fournir plus de la moitié de l'électricité produite dans le pays). La Commission européenne et le gouvernement central de Pedro Sanchez ont donné leur feu vert à ce méga-projet, également approuvé par les élus locaux, soutenus par leurs administrés, mais vilipendés par une opposition tenace des associations écologistes nationales.

Parmi eux, Andrés Delgado, berger, guide ses troupeaux de brebis jusqu'à plus de 1100 mètres d'altitude en bordure du Maestrazgo, sur la montagne d'Albarracín, où ont déjà été installées les premières éoliennes il y a quelques années. Le berger résume sa vision des choses : « Certains disent que c'est bon pour l'économie, et les autres que ce n'est pas bon pour la nature. Sans doute que les deux ont raison, mais ce que je vois ici, c'est que...