France

La France tourne-t-elle le dos à ses morts de la guerre d’Indochine ?

Capucine Canonne
6 min
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Des milliers de soldats français, morts à la guerre d’Indochine, demeurent ensevelis dans le sol vietnamien. Des rapatriements ont eu lieu depuis 1955 mais des fouilles d’ampleur ne sont pas prévues, traduisant une réalité complexe sur le terrain.

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Des milliers de soldats français, morts à la guerre d’Indochine, demeurent ensevelis dans le sol vietnamien. Sur l'image, des soldats vietnamiens dans des tranchées.CHARUEL/SIPA

Au Vietnam,

En 2022, Bertrand et Vincent Dieudonné pensent savoir où se trouve le corps de leur oncle, le capitaine Jacques Dieudonné, mort pendant la guerre d’Indochine. Ils enquêtent depuis 30 ans sur le crash de l’avion B-26, le 28 avril 1951, à Cao Bang, piloté par leur aïeul avec trois passagers, dont le général Hartemann. Expéditions sur le terrain, archives au Service Historique de la Défense à Vincennes, rencontres avec des vétérans, d’anciens prisonniers français, mais aussi des villageois et anciens combattants Viêt Minh... Ils mènent l’enquête. « Nous ne lâchons rien depuis 1994. À ceux qui ne comprennent pas notre démarche, je rappelle que les travaux effaceront un jour toute trace de nos aïeuls », justifie Vincent Dieudonné à Factuel.

Le 4 octobre 2023, les neveux Dieudonné, accompagnés de représentants de la France au Vietnam, se rendent près de Thái Nguyên, au nord de Hanoi. Une boîte en métal est exhumée à un mètre de profondeur, avec les dépouilles présumées de l’équipage (voir nos preuves). En présence des autorités locales – qui n'ont pas autorisé la présence de la presse française, sans en donner la raison –, des hommages vietnamiens puis français sont rendus avant d’ouvrir l’objet très abîmé et procéder à une constatation visuelle par un médecin français. « L’espoir était de trouver des crânes humains ou des objets. Mais non », regrette Vincent Dieudonné.



L'exhumation de la sépulture présumée de l'équipage du B-26, au Vietnam.
L'exhumation de la sépulture présumée de l'équipage du B-26, au Vietnam. Bertrand Dieudonné



La boîte est scellée et envoyée à Paris mi-octobre pour l’identification des fragments d’os. « Notre ADN parlera ou non, mais notre enquête continue », conclut le neveu Dieudonné. « Lorsqu’une situation de recherche se concrétise, nous l’accompagnons », explique l’ambassade de France au Vietnam à Factuel. Si la France a accompagné « administrativement et financièrement » ce rapatriement, la quête acharnée de cette famille est...

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