Cinéma

La plus grande cinémathèque ukrainienne lutte pour sa survie

Pierre Kister
5 min

En pleine guerre avec la Russie, l’État ukrainien a annoncé la réorganisation du centre Dovzhenko. L’ensemble des salariés et une partie des acteurs de la vie culturelle de Kiev manifestent contre ce projet.

Dovzhenko
Dovzhenko center

C’est un impressionnant bâtiment, typique de l’architecture brutaliste soviétique, qui se dresse au début de la rue Vasylkivska, à Kiev. Cette ancienne imprimerie abrite aujourd’hui le centre Dovzhenko, la plus grande cinémathèque d’Ukraine, qui tire son nom d’un fameux cinéaste ukrainien. Si le centre est un lieu important de la vie culturelle de Kiev, avec son musée, sa librairie et sa salle de projection, c’est aussi là que sont conservées les archives du cinéma national – pour certaines antérieures à l’URSS, et rares témoins d’un premier État indépendant. Des archives que Staline a voulu faire disparaître et qui n’ont été retrouvées à Moscou qu’après l’éclatement du bloc soviétique. Certaines bobines sont encore perdues. « En 2014, quand la guerre a commencé, on a arrêté de recevoir des films de Moscou. Il reste encore quelques films ukrainiens en Russie », explique Maria Glazunova, la directrice de la communication de la cinémathèque. Dans ce contexte, le centre a également mis en place un programme, Lost & Found, pour retrouver ces films qui font l’identité ukrainienne.

Pourtant, cette institution culturelle parmi les plus importantes d’Ukraine serait aujourd’hui menacée de fermeture face au développement de projets immobiliers. En août dernier, l’agence cinématographique ukrainienne, qui a tutelle depuis juillet sur le centre - auparavant, il dépendait directement du ministère de la Culture - a annoncé sa réorganisation, pointant, dans un communiqué de presse sa « non-rentabilité et [son] inefficacité ». Des propos qui auraient dû être appuyés par un rapport détaillé, qui n’a jamais été publié. Pour les opposants au projet, ces accusations ne tiennent pas la route. D’après eux, il s’agit en réalité d’exproprier le centre afin de louer le bâtiment ou de vendre le terrain à des promoteurs immobiliers. En effet, les grues de construction se multiplient dans ce quartier en pleine gentrification, où le mètre...

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