Turquie

La Turquie face à la guerre à Gaza : Erdogan sur une ligne de crête

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THE CONVERSATION – Au lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait proposé son assistance diplomatique pour apaiser la situation au Moyen-Orient. Moins d’un mois plus tard, le 4 novembre 2023, il a rappelé son ambassadeur d’Israël.

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan prononce un discours à Istanbul lors d’une manifestation en soutien aux habitants de Gaza, le 28 octobre 2023.Yasin Akgul/AFP via Getty Images

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

En quelques semaines seulement, et face à l’escalade de la violence en Israël et dans la bande de Gaza, la Turquie a donc drastiquement recalibré sa position.

La première réaction d’Erdogan au massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre avait été soigneusement équilibrée, le chef de l’État turc appelant à la retenue et à la fin des « actions agressives ». Mais au vu du bilan humain des opérations israéliennes à Gaza, il a rapidement adopté une position pro-Hamas et anti-israélienne. Le 25 octobre, il a accusé Israël d’avoir mené « l’une des attaques les plus sanglantes et les plus sauvages de l’histoire », tout en défendant le Hamas, qu’il a qualifié de « groupe de libérateurs ».

Cette évolution de la rhétorique d’Erdogan s’explique par les nombreuses contraintes nationales et internationales qui pèsent sur lui. Il est, en effet, confronté à un dilemme presque insoluble : d’une part, il doit donner satisfaction à sa base politique nationale – qui est largement acquise aux idées islamistes et a de fortes sympathies pour la Palestine – sans pour autant s’aliéner totalement Israël ; d’autre part, la Turquie entretient d’importants liens géopolitiques et économiques avec l’État hébreu et, ces dernières années (jusqu’aux tout récents développements), la relation bilatérale a connu un net réchauffement.

Dans le même temps, Erdogan cherche à renforcer son statut d’acteur régional clé au Moyen-Orient, et à s’imposer en tant que médiateur dans la crise actuelle. Pour comprendre comment il compte y parvenir, il faut aller au-delà de l’examen de ses discours et gestes diplomatiques.

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