L’espoir des Syriens après le retour d’Assad dans la Ligue arabe
REPORTAGE - Bachar el-Assad acte sa victoire politique en redevenant fréquentable aux yeux de ses voisins arabes. Les habitants de Damas, eux, restent perplexes sur les possibles retombées économiques. Entre inflation, sanctions américaines et paupérisation de la société, les Syriens attendent plus que jamais un appel d’air de l’extérieur.

En Syrie,
« Inch’Allah, il y aura du changement. » Talal, commerçant de fruits et légumes dans le souk hamidiyeh de Damas, résume les attentes syriennes. Un discours optimiste en public, qui change de ton à l’abri des regards indiscrets et des moukhabarats, les puissants services de renseignements syriens. En privé, le négociant est plus nuancé : « Pour l’instant, ce ne sont que des paroles sans réels effets sur le terrain. » Hormis les douaniers à la frontière syro-libanaise et les soldats aux barrages militaires qui suivaient la réunion panarabe sur des postes radio avec espoir et admiration, les Damascènes attendent encore des résultats concrets.
Le retour en grande pompe de Bachar el-Assad au sommet de la Ligue arabe le 19 mai dernier à Djeddah dénote quelque peu avec l’atmosphère pesante de Damas. Après 12 ans d’absence, le président syrien a retrouvé son siège dans l’organisation régionale. Si cet événement est indubitablement une victoire politique, les habitants de la capitale syrienne restent quant à eux perplexes.
90% des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté
D’autres, à l’instar de Fadi, un ancien conscrit de l’armée syrienne blessé à la colonne vertébrale et maintenant ébéniste dans une petite échoppe, sont même réfractaires à un retour dans la Ligue arabe. « Que pouvons-nous attendre de pays qui ont misé sur la chute de notre président ? », s’interroge-t-il, dubitatif. Avant le tournant géopolitique de 2018 et la réouverture des premières ambassades à Damas, l’Arabie saoudite et les autres pétromonarchies avaient pris fait et cause pour l’opposition syrienne en finançant et armant différents groupes djihadistes.
Pour l’heure, seuls les camions jordaniens, libanais et irakiens passent la frontière avec des marchandises, nous rapporte Maher, un commerçant quinquagénaire qui vend des générateurs électriques. « La guerre est finie, mais l’économie tourne au ralenti. Il y a énormément d’attente de l’après-sommet. Est-ce que...