Cinéma

Cinéma en Arabie saoudite, entre ouverture et modernisation de façade

Pierre Kister
6 min

ENQUÊTE 1/2 - Le pays espère accueillir la Coupe du monde de football, organiser la prochaine Exposition Universelle et devenir une grande terre de cinéma. Un paradoxe pour un pays qui avait interdit les salles de cinéma pendant 35 ans.

cinéma saoudien

Vendredi 16 juin 2023, Mohammed Ben Salman était reçu en grande pompe à l’Élysée par Emmanuel Macron. Une opération de communication que certains ont vu comme une tentative de réhabilitation du prince héritier d’Arabie saoudite, accusé d’atteintes aux droits de l’homme. Celui que l’on surnomme « MBS », qui voit son pays comme garant de la stabilité aux Proche et Moyen-Orient, était surtout venu défendre son vaste projet de réformes, « Vision 2030 ». Pour sortir le pays de sa rente pétrolière, le projet envisage toute une série de mesures, allant du droit des femmes à l’urbanisme, comprenant notamment l’ambitieuse « ville du futur », NEOM. L’Arabie saoudite souhaite également développer son industrie du divertissement, et notamment celle du cinéma, un pilier de Vision 2030.

Tout change pour que rien ne change

Professeur de français depuis 13 ans à l’Université du Roi-Saoud - la principale d’Arabie saoudite -, auteur du Cinéma Saoudien (éditions Erick Bonnier), Hédi Khelil vit à Riyad, et a vu la société changer. « On entend maintenant des chansons dans les restaurants, on voit des femmes discuter entre elles de sujets culturels – ce qui était impossible avant. Mais il faut prendre avec beaucoup de précautions cette liberté sociale qui commence à apparaître. Les expériences historiques nous ont montré que ce début de libéralisation peut cacher une forme de répression plus aigüe qu'on ne le croit », estime le professeur. Il souligne plusieurs « défaillances » de la part des gouvernants, qui contrastent avec la modernité de façade qu’affiche le Royaume. « Mais il y a du potentiel. Quand je vois les jeunes à qui j’enseigne, j’ai envie d’y croire. Et ici, les surprises sont monnaie courante, on ne sait jamais. Lorsque je suis arrivé en Arabie saoudite, en 2010, les journaux étrangers que j’achetais étaient coupés, et certaines images que l’on jugeait suspectes étaient barrées d’une...

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