Édition

Editis-Hachette Livre : le big bang de l’édition

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ENTRETIEN – La Commission européenne vient d’autoriser Daniel Křetínský à racheter Editis et rend sous peu son avis concernant le rachat de Hachette Livre par Vincent Bolloré. Un bouleversement majeur pour le secteur de l’édition.

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La Commission européenne vient d’autoriser Daniel Křetínský à racheter Editis et rend sous peu son avis concernant le rachat de Hachette Livre par Vincent Bolloré.Miroslav Chaloupka/AP/SIPA

Jean-Yves Mollier, professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et spécialiste de l'histoire de l'édition.

FACTUEL. Dans cette opération, qui fait une bonne affaire ? Le groupe CMI de Daniel Křetínský ou le groupe Bolloré de Vincent Bolloré ?

Jean-Yves MOLLIER. Dans l'hypothèse où la Commission européenne confirme l'autorisation de rachat par Vivendi du groupe Lagardère – le contraire serait un coup de tonnerre –, le groupe Bolloré deviendrait propriétaire du 1er groupe d’édition Français (2,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel) tout en revendant le numéro 2, Editis (700 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel). Économiquement et symboliquement, l’opération est très rentable. Pour Daniel Křetínský, c'est une extraordinairement bonne affaire. La longueur des discussions avec la Commission européenne, conjuguée à la baisse de crédit des marchés mondiaux pour les groupes éditoriaux, a abouti à dévaloriser le capital d’Editis de 300 millions d'euros. Fidèle à sa stratégie, Daniel Křetínský investit dans un secteur dévalorisé qu’il va restructurer afin de réaliser une confortable plus-value en cas de revente.

Vous pensez que la stratégie de Daniel Křetínský est de revendre Editis une fois redressée ?

On ne sait pas. Lui-même dit que non, mais je renverrai à ce qui s'est passé en 2004-2008 avec le rachat d'Editis, première manière, par le fonds Wendel Investissement. Ernest-Antoine Seillière, son PDG, a eu beau jurer qu 'il était là pour au moins 15 ans, il l’a revendu au bout de 4 ans au groupe espagnol Grupo Planeta en réalisant une excellente affaire. À mon avis, tout dépendra de la conjoncture et du redressement d’Editis. Il va probablement y avoir des restructurations et des licenciements, notamment dans le secteur de la distribution, puisque ce groupe possède aujourd’hui deux outils de distribution : le sien propre et Interforum, propriété des éditions du Seuil mais revendu par son repreneur, La Martinière, lui-même intégré à...

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