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Viginum : la dernière obsession gouvernementale anti-fake news

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Depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a fait de la lutte contre les fake news une priorité nationale. Avec Viginum, le service de lutte contre les ingérences numériques étrangères, le chef de l’État poursuit sa chasse à la désinformation sur les réseaux sociaux, quitte à flirter avec le risque de porter atteinte à la liberté d’expression.

 Emmanuel Macron
Emmanuel Macron au village olympique le 29 février 2024Anton Karliner/SIPA

« Ces ingérences étrangères cherchent à vous manipuler. Ne nous laissons pas tromper, ne nous laissons pas voler notre débat démocratique ». Ces mots de Stéphane Séjourné en disent long sur l’état d’esprit actuel du gouvernement. Dans une vidéo publiée sur son compte X le 13 février dernier, le ministre des Affaires étrangères met en garde les Français concernant la multiplication des fake news, à la veille des élections européennes.

À l’heure où la désinformation inonde le numérique et que plus de deux milliards de citoyens sont appelés aux urnes en 2024, la volonté d’une régulation démocratique de la parole sur les réseaux sociaux semble vitale. Mais cette quête de l’équilibre menée de front par Emmanuel Macron depuis son accession à l’Élysée s’est transformée en véritable chasse aux fakes news, au risque d'ouvrir la boîte de pandore néfaste à la liberté d'expression. À la tête de cette nouvelle guerre de l’information : Viginum.

La Russie en ligne de mire

Le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères a été créé sur les champs de ruine de la désinformation anti-française. Successivement marqué par les MacronLeaks, ces milliers de mails privés et professionnels de responsables d’En Marche publiés au dernier jour de la campagne présidentielle de 2017, puis par les « campagnes anti-françaises » sur les réseaux sociaux après les attentats de Conflans-Sainte-Honorine et de Nice à l’automne 2020, le gouvernement a décidé d’agir. Le 15 octobre 2021, Viginum, l’arme anti fake news voulue par Emmanuel Macron voit le jour.

Cette nouvelle cellule spéciale, placée sous l’égide du Secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale (SGDSN), elle-même rattachée à Matignon, a pour mission de détecter les « attaques informationnelles », c’est-à-dire toutes manipulations numériques opérées ou impliquant « un État étranger ou une entité non étatique étrangère ». En collaboration étroite avec d’autres services de renseignement comme la DGSI ou la DGSE, l’organisme qui compte une quarantaine d’agents et un budget de 12 millions d’euros ne cherche pas à contrer les fausses informations mais à remonter le fil pour trouver les éventuels instigateurs étrangers d'une campagne de déstabilisation. Une fois la menace identifiée, elle transmet les informations aux ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères et des Armées. Lundi 12 février, après quatre mois de travail, Viginum a mis au jour un réseau « structuré et coordonné » d'au moins 193 portails d’information servant à diffuser de la propagande pro-russe...

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