Sécurité

Condé-sur-Sarthe : le bilan alarmant de la prison « la plus sécuritaire de France »

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ENQUÊTE 1/3 - À l’aide de témoignages de gardiens, de photos et documents inédits de la prison de Condé-sur-Sarthe, Factuel lève le voile sur les « promesses non tenues » du centre pénitentiaire « ultra-sécurisé ».

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Le centre pénitentiaire de Condé-sur-SartheSICCOLI PATRICK/SIPA

Avec Sabrina Bierlein-Bouyer et Bastiane Beauchamp

« Condé-sur-Sarthe est pire que toutes les autres prisons qu’on a connues. »  Les gardiens et ex-gardiens de la prison d’Alençon-Condé-sur-Sarthe interrogés par Factuel sont unanimes, et leur postulat inquiétant alors que nombreux sont les membres du personnel à cumuler en 2023 abandons de poste ou arrêts de travail.

Le centre pénitentiaire d’Alençon-Condé-sur-Sarthe, et sa petite soeur de la commune de Vendin-le-Vieil, pensés comme des structures ultra-sécurisées capables d’accueillir aussi bien les détenus les plus dangereux de France que d’autres finissant de purger des peines aménagées, n’ont pas tenu leurs promesses. Inauguré par Christiane Taubira le 30 avril 2013, après 22 mois de chantier et près de 67 millions d’euros de travaux, le projet de la prison d’Alençon-Condé-sur-Sarthe a été porté en majeure partie par Joaquim Pueyo, ancien directeur d’établissements pénitentiaires tels que Fresnes ou Fleury-Mérogis, et maire socialiste d’Alençon (entre 2008 et 2020).

Coût, quartier terroriste et travaux à rallonge

En 2018, près de 600.000 euros ont été à nouveau investis dans la prison de Condé-sur-Sarthe pour créer un « Quartier de Prise en charge de la Radicalisation » (QPR), une unité prévue pour accueillir les profils radicalisés comme des anciens djihadistes. En septembre 2020, ils étaient 65 détenus à osciller entre le QPR et le Quartier d'Évaluation de la Radicalisation (QER). Ils étaient considérés par l’Observatoire International des Prisons (OIP) comme « le symbole d’une dérive », d’une approche jugée « exclusivement » sécuritaire, « au détriment de toute prise en charge » des détenus radicalisés.

Le plus lourd exemple reste l’attentat du 5 mars 2019, perpétré par Michaël Chiolo et son épouse Hanane Aboulhana. Déjà condamné à 30 ans de réclusion pour torture et assassinat d’un ancien résistant et rescapé du camp de concentration de Dachau, Michaël Chiolo a un profil radicalisé qui inquiète. Après avoir été signalé pour apologie du terrorisme,...

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