Politique

Palantir, le logiciel américain des renseignements français

Frédéric Crotta
5 min
2 effets

ENQUÊTE 3/3 - Palantir a été choisi pour pallier un manque et doit, à terme, laisser place à un logiciel français. En attendant, le problème de souveraineté posé par l’utilisation d’un service étranger perdure.

Palantir
Des employés de Palantir Technologies rassemblés devant la Bourse de New York, le mercredi 30 septembre 2020, à l'occasion de son entrée en Bourse.Levine-Roberts/Sipa USA/SIPA

« Je crois savoir qu’à l’époque, l’acquisition de Palantir a fait, au sein du service, l’effet d’une bombe. » L’homme qui s’exprime auprès de Factuel n’est autre que Bernard Squarcini. L’ancien patron de la DGSI, sous Nicolas Sarkozy, est connu pour son entregent. Trois ans après son limogeage à la tête du renseignement intérieur, à l’arrivée au pouvoir de François Hollande, celui que l’on surnomme le « Squale » possède encore de nombreux contacts en interne.

Alain Bauer, grand spécialiste en matière de criminologie et de terrorisme, confirme. Ce proche de Manuel Valls, alors locataire de Matignon au moment des attentats de 2015, le reconnaît pour Factuel : « J’étais plutôt réservé, voire opposé à cette acquisition. Personne ne voulait de Palantir, mais il n’y avait rien d’autre. Il n’y avait aucune alternative nationale ou européenne. Le consensus a alors évolué vers un “Palantir en attendant”. Mais l’attente est longue… »

Effectivement, la DGSI, née de la fusion de la DST et des Renseignements Généraux (RG), dirigée à l’époque par Squarcini, ne possédait pas un logiciel propre, adapté à la lutte anti-terroriste, capable de croiser plusieurs fichiers et un ensemble de données disparates. Seule dans son coin, la DGSE, le renseignement extérieur, avait développé son propre outil informatique de données big data. Mais c’est au compte-gouttes que les policiers de la DGSI peuvent y accéder. Les réticences de la Défense et la lourdeur des procédures ne facilitent guère, pour les enquêtes de la police, l’accès à la plateforme.

Palantir et CIA, même combat

Le nom « Palantir » trouve son origine dans une langue imaginaire, inventée par Tolkien dans Le Seigneur des anneaux. Traduction : « Qui voit de loin. » Une devise que pourrait faire sienne n’importe quel service de renseignement.

Mais, particularité de la plateforme homonyme : sa création n’aurait pu voir le jour sans l’appui des services de renseignement américains. En...

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