À Nîmes la peur gagne du terrain des ZUP aux arènes
REPORTAGE – Après la mort de Fayed, un enfant de 10 ans victime collatérale de tirs de Kalachnikov, en août, la situation du quartier Pissevin et des zones urbaines prioritaires de Nîmes est bloquée. Effrayés, commerçants et riverains délaissent un territoire où les services publics se retirent. Le climat de peur a des conséquences aussi sur le centre-ville.

Une « maison dortoir », c’est ainsi que Najiya, cadre dans la grande distribution et propriétaire d’un 80m² à Pissevin, une zone urbaine prioritaire (ZUP) de Nîmes, décrit son appartement. Le logement est pourtant cosy. Elle l’a remis à neuf quand elle a emménagé. C’est assise sur son divan qu’elle raconte à quoi ressemble la vie à quelques mètres d’un point de vente de stupéfiants. Près des tours où Fayed, 10 ans, a été pris dans des tirs de Kalachnikov en août dernier. L’enfant, qui a grandi dans le quartier, rentrait du restaurant en voiture avec son petit frère et son oncle. Touché par plusieurs balles dans le dos, le militaire en permission qui conduisait le véhicule s’est précipité jusqu’à l’hôpital, sans voir que Fayed s’était coincé dans la ceinture de sécurité en essayant de sortir. Le jeune garçon a été traîné pendant le trajet jusqu’aux urgences où il est décédé quelques minutes après son arrivée. Le médecin légiste a pu constater qu’une balle l’avait atteint dans le dos, selon un article publié par Midi libre. Deux jours plus tard, un jeune homme de 18 ans est assassiné sur un point de deal du quartier. De qui attirer l’attention des médias et du gouvernement.
« C’est chaud depuis le début de l’année, on n’est plus en sécurité », raconte Najiya toujours installée, les jambes croisées dans son salon. Elle a peur pour ses trois enfants, qui vivent sous son toit. Leurs déplacements se limitent aux trajets « école-maison ». L’aîné, âgé de 20 ans, lui a demandé de déménager. « Il n’accepte pas le quartier », résume-t-elle. La situation est encore plus compliquée pour sa mère, qui vit dans un autre appartement, au-dessus de la galerie Wagner, un point stratégique pour le trafic de stupéfiants, où les échanges de tirs sont fréquents. « Elle a été réveillée...