Corse

Arnaud Benedetti : « Aujourd’hui, la réalité politique en Corse est la majorité nationaliste »

6 min

ANALYSE - Devenue une collectivité territoriale unique en 2018, la Corse est aujourd’hui au cœur des négociations entre le gouvernement français et l’exécutif local. En ligne de mire, l’autonomie de l’île, telle que voulue par la majorité des forces politiques du territoire. Une solution envisageable uniquement par la révision constitutionnelle. Arnaud Benedetti est rédacteur en chef de la Revue Politique et Parlementaire et enseigne à la Sorbonne. Il analyse pour Factuel les enjeux d’une telle autonomie sur les plans juridique et historique.

Assemblée Corse
Visite d'Emmanuel Macron à l'Assemblée Corse le 28 septembre 2023Raphael Lafargue/POOL/SIPA

Factuel. Quand pourrait intervenir une révision de la Constitution sur l'autonomie de la Corse ? Celle-ci a-t-elle réellement des chances d’aboutir ?

Arnaud BENEDETTI. À propos du calendrier, la réunion Place Beauvau le 11 mars a acté une avancée : il fallait que l’État et les forces politiques représentatives en Corse trouvent un accord afin de lancer le processus constitutionnel pour l’automne. Cela impliquait que les responsables politiques corses se mettent d’accord entre eux également. Manifestement, il y a eu une convergence sur l’écriture constitutionnelle, et notamment une convergence d’une partie de la droite avec le président autonomiste du Conseil exécutif de l’île, Gilles Simeoni. Il en allait de même à gros traits avec les autonomistes de Jean-Christophe Angelini et les indépendantistes de Paul-Félix Benedetti.

L’accord avec l’État engage la Corse dans la voie de l’autonomie. Reste à examiner dans le détail (le diable s’y nichant souvent), la nature de l’accord qui sera soumis aussi à référendum en Corse. Tout l’enjeu maintenant, et il n’est pas forcément aisé, consiste à faire ratifier par le Parlement la révision constitutionnelle. Ce qui constitue à l’évidence une autre paire de manches au regard de la composition de l’Assemblée nationale et du Sénat. Si une étape a été franchie sur le plan des principes beaucoup reste à faire : révision, loi organique, référendum en Corse… et clarification sur tout un ensemble de sujets, notamment en ce qui concerne la reconnaissance stricto sensu d’un pouvoir législatif. Pour autant, le président de l’exécutif de la collectivité de Corse peut exciper un succès politique. Il est le premier à avoir obtenu de la part de Paris le principe de l’autonomie.

Qu’est-ce que l’autonomie ? C’est la possibilité pour un territoire donné de légiférer hors de tous le domaines régaliens, c’est-à-dire hors de la justice, de la défense ou encore de la sécurité, car...

Nos recommandations

s
partagez

Partagez une information avec notre rédaction

Factuel Media. Les faits sont têtus, nous aussi.

Découvrez encore plus

abonnez-vous