Agriculture

Colère des agriculteurs : « Maintenant, ça suffit, révolution ! Nous n’avons plus rien à perdre »

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ANALYSE -  Alors que les barrages routiers se multiplient aux quatre coins de la France, Jean-François Lamassé, céréalier, vice-président de la FDSEA Haute-Garonne (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles), fustige le gouvernement et appelle à prendre des décisions concrètes face à un monde agricole au bord de la rupture.

actions de blocages des agriculteurs
À Seclin sur l'A1, des actions de blocages sur les axes principaux de transport ont eu lieuFrancois GREUEZ/SIPA

FACTUEL. En quoi cette crise est différente de celles que le monde agricole a déjà vécues ?

Jean-François LAMASSÉ. Tout simplement parce qu’aujourd’hui on n'y arrive plus. On ne peut pas continuer dans cette situation avec un gazole qui a augmenté de 6 centimes, la hausse des engrais, la suppression des éco-régimes (récompenses pour les comportements écologiquement vertueux des agriculteurs, NDLR), une MHE (Maladie hémorragique épizootique) passée sous silence. Cette fièvre des bovins dans le sud de la France a touché autour de 6000 exploitations, c’est dire l’impact pour les agriculteurs. Les produits phytosanitaires ont eux augmenté de 30 %, le prix d’un tracteur a doublé en moins de huit ans. On produit plus cher que ce que l’on vend.

On est pris à la gorge par un nombre ahurissant de charges. À la fin, l’addition est très lourde. Je perds entre 18 et 21.000 euros par an. Donc, maintenant, ça suffit, révolution ! Nous n’avons plus rien à perdre.

L'Europe est-elle l'amie ou l'ennemie des agriculteurs français ?

L’Europe est uniquement synonyme de contraintes, de normes. Vous avez du blé détaxé d’Ukraine qui vient sur notre sol et qui détruit la concurrence. En France, le protectionnisme agricole n’existe plus. Pourtant quand l’Europe a créé la Politique Agricole commune, c’était pour travailler pour moins cher et avoir une aide compensatoire. L’objectif était simple : que les agriculteurs européens deviennent plus compétitifs que leurs homologues à travers le globe. Le résultat est malheureusement différent. On fait face à des importations incontrôlées, à une concurrence déloyale qui mine l’agriculture française.

On est constamment pointé du doigt, stigmatisé, qualifié de pollueurs par les écologistes.

L’accord de libre-échange signé récemment entre l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande en est l’exemple. C’est une aberration. On nous demande d’être en concurrence avec un pays qui vend à des prix dérisoires...

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