Santé

Covid, la piste des antidépresseurs : un abandon de la recherche publique

Brice Perrier
7 min

RÉCIT 4/5 - Les agences du médicament refusent la prescription de fluvoxamine en attendant de nouvelles études que la recherche publique ne permet pas de lancer. La priorité est donc donnée à de nouveaux médicaments qui peuvent être vendus à prix d'or.

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Tours : conception du vaccin nasal contre le Covid-19 par la faculté de pharmacie de Tours.CHARLES BURY/SIPA

En janvier 2022, Nicolas Hoertel et Frédéric Limosin, son chef de service, déposent à l'agence française du médicament (ANSM) une demande d'autorisation de prescription compassionnelle de la fluvoxamine. Ils estiment que « les preuves scientifiques accumulées à ce jour, dont les données publiées de deux essais cliniques randomisés contrôlés », justifient son utilisation sur des patients atteints de Covid « à risque de développer une forme grave de la maladie, pour lesquels un traitement alternatif par anticorps monoclonaux ou traitement antiviral direct anti-SARS-CoV-2 est soit contre-indiqué, soit non réalisable à temps ».

Le 5 avril, la réponse de l'ANSM tombe dans un communiqué : « Les données disponibles à ce jour, du fait de leurs limites méthodologiques, ne permettent pas d’étayer un bénéfice clinique de la fluvoxamine en traitement curatif de la maladie Covid-19. » Il est reproché à l'essai Stop Covid son faible effectif, tandis qu'est jugé discutable le critère principal composite intégrant le séjour prolongé aux urgences de l'essai TOGETHER dans lequel aurait par ailleurs été observé un « résultat négatif » sur les hospitalisations et la mortalité. Une interprétation elle même très discutable à la vue des résultats plutôt positifs présentés dans les épisodes précédents de notre enquête. Philippe Vella, le spécialiste des antidépresseurs à l'ANSM, déclare toutefois à 20 Minutes que la position de l'agence pourrait changer en cas de nouvelles données, ajoutant qu'il souhaiterait que des études plus vastes soient menées.

Une position partagée par l'agence américaine du médicament (FDA), qui va rejeter en mai une demande d'autorisation d'utilisation d'urgence déposée en décembre 2021, au motif que « les données cliniques existantes sont insuffisantes ». L'agence estime néanmoins que leur contenu suggère « qu'une enquête clinique plus approfondie pourrait être justifiée ».

Deux poids, deux mesures

Professeur de médecine et spécialiste de la recherche clinique dans les maladies infectieuses, David Boulware est celui qui a déposé...

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