Santé

Covid, la piste négligée des antidépresseurs : un effet surprise

Brice Perrier
6 min
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RÉCIT 1/5 - Au début de la pandémie, un psychiatre français constate chez ses patients sous antidépresseurs une prédisposition à ne pas souffrir de formes sévères du Covid. Un constat que vont conforter des chercheurs allemands et américains.

Fluvoxamine
Fluvoxamine, un médicament antidépresseur.SYSPEO/SIPA

Dans le flot de recherches sur les traitements contre le Covid, beaucoup sont passées inaperçues. Ce fut encore le cas en mars dernier avec la publication dans la revue Molecular Psychiatry d'une étude interventionnelle menée en Ouganda sur une cohorte de 316 patients hospitalisés. Elle apporte pourtant des données inédites venues d'Afrique, sur ces cas graves avec une réduction de 68% de la mortalité chez ceux à qui a été prescrit de la fluvoxamine, un antidépresseur habituellement utilisé par les personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs.

« Bien que nos résultats soient dans la continuité de ce que d'autres avaient déjà trouvé ailleurs, j'ai été surpris par cette impressionnante baisse de la mortalité », confie le docteur Bruce Kiranga, auteur principal de cette publication qui se conclut en évoquant la nécessité de mener de façon urgente de larges essais cliniques afin de confirmer ces résultats - ce que demande depuis maintenant 3 ans l'un des co-auteurs français de cette étude africaine, le psychiatre Nicolas Hoertel. Un scientifique très vite intrigué par l'effet bénéfique que semblaient avoir certains antidépresseurs sur les malades du Covid. Il a ensuite vu s'accumuler les données, mais aussi l'inertie, les tergiversations, les objections et les partis pris sur cette piste thérapeutique aussi prometteuse que négligée.

Nos patients, souvent âgés de plus de 80 ans, ne faisaient pas de formes sévères.

L'histoire débute en banlieue parisienne à l'hôpital Corentin Celton, dès l'arrivée de la pandémie. Jeune médecin universitaire en passe de devenir professeur, Nicolas Hoertel remarque que l'unité de psychiatrie de la personne âgée, où il exerce, paraît épargnée par le Covid. « Contrairement à ce qui se passait dans les services de gériatrie, où l'on déplorait beaucoup de morts, nos patients, souvent âgés de plus de 80 ans, ne faisaient pas de formes sévères, se souvient-il. Or,...

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