Viticulture

Cri d'alerte d'un viticulteur à l'État : « Il y a une disparition de notre patrimoine français »

2 min

ENTRETIEN - Paul-Vincent Avril, 58 ans, est propriétaire du Clos des papes, domaine viticole historique de 35 hectares à Châteauneuf-du-Pape. Il se confie à Factuel sur sa crainte de ne pas pouvoir transmettre son domaine qui appartient à la famille Avril depuis le XVIe siècle.

Bordelais
Viticulteur dans le Bordelais UGO AMEZ/SIPA

Factuel. Pourquoi craignez-vous de ne pas pouvoir transmettre votre domaine ?

Paul-Vincent AVRIL. Les droits de succession sont de plus en plus lourds, en raison de leur pourcentage mais aussi de l'évolution du prix du foncier. Nous avons déjà réalisé deux successions en ligne directe entre parents et enfants ces trente-cinq dernières années, mais les successions sont encore plus lourdes entre les neveux et les nièces. 

Plus le patrimoine est haut, plus le pourcentage augmente. Pour nous, il s’élève à 45% entre parents et enfants, et autour de 55-60% entre entre oncle neveux. Le pacte Dutreil, qui permet un abattement de 75% si les héritiers s’engagent à conserver l’entreprise pendant quatre ans, est remis en cause par le gouvernement actuel. S’il venait à disparaître, le problème serait très important dans la transmission des domaines familiaux. Bientôt, nous n’arriverons plus à payer ces sommes.

Qu’adviendrait-il de votre domaine s’il ne restait pas dans la famille ?

Nous voyons arriver des groupes de l’extérieur, pour la plupart français, mais aussi des groupes étrangers qui sont intéressés par la valeur qu’on a donnée au terroir.

Ce qui nous ferait mal c'est que cela disparaisse.

Ils achètent une première propriété, pour laquelle ils font augmenter le prix du foncier, puis une deuxième propriété, encore plus chère, pour revaloriser la première. C’est une sorte de fuite en avant. Nous, nous ne sommes pas du tout intéressés par la valeur vénale, mais par la valeur que l’on a donnée par notre travail à nos terroirs pendant des générations. C’est un outil de travail qu’on m’a transmis, je dois le transmettre. Si les investisseurs sont français, à la limite, mais si ce sont des investisseurs étrangers ou des banques, ça dénature la filiation et l’histoire de ces entreprises. Ce qui nous ferait mal, c’est que cela disparaisse. Il y...

Nos recommandations

s
partagez

Partagez une information avec notre rédaction

Factuel Media. Les faits sont têtus, nous aussi.

Découvrez encore plus

abonnez-vous