Délinquance juvénile

Délinquance juvénile : « Une montée en puissance de la violence sur les réseaux sociaux qui n’est vue par personne »

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ANALYSE - Plusieurs faits divers récents illustrent une poussée de la violence et de la délinquance juvénile, sur fonds de règlement de compte ou de « crime d’honneur ». Faut-il s’en inquiéter ? Analyse avec Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne et essayiste.

Collège Arthur Rimbaud à Montpellier
Collège Arthur Rimbaud à Montpellier Alain ROBERT/SIPA

FACTUEL. Agression violente de Samara à Montpellier, mort de Shemseddine à Viry-Châtillon, adolescent de 15 ans tué à coups de couteau à Romans-sur-Isère ce mardi 9 avril : la France connaît une succession de faits divers tragiques impliquant des adolescents très jeunes, aussi bien du côté des auteurs des faits que des victimes. S’agit-il de faits isolés ou constate-t-on une flambée de la violence juvénile ?

Johanna ROZENBLUM. À l’heure actuelle, aucune étude scientifique valide, menée sur un groupe suffisamment élevé, ne permet de documenter une augmentation quantitative de la violence chez les jeunes. En revanche, on constate une majoration indéniable de la forme que prend cette violence : il y a plus de violences verbales, plus de violences physiques et même plus d’« auto-agressivité », c’est-à-dire de tentatives de suicide, de mutilations, de scarifications, de troubles du comportement alimentaire. Personnellement, je rencontre de plus en plus de patients qui portent atteinte à leur propre intégrité physique.

De manière plus générale, la nature de cette violence a changé : pour un regard mal placé, le conflit peut se régler directement à l’arme blanche. Aujourd’hui, un collégien peut se faire tuer à la sortie de l’école parce qu’un de ses camarades estime qu’il s’est mal comporté ou qu’il a « mal regardé » sa sœur. Cette désinhibition comportementale est nouvelle.

Par ailleurs, on constate que l’impunité sur les réseaux sociaux se répercute dans la réalité. Le passage à l’acte violent n’est finalement que la suite, presque logique, d’une impunité en ligne. 

Comment l’expliquer ?

Très souvent, ces violences sont liées à une perte de contrôle de l’autorité parentale. Les enfants qui passent à l’acte de manière très violente sont généralement dans une situation familiale défaillante. Par ailleurs, il est évident que le rapport aux réseaux sociaux joue un rôle important. Il est très facile pour un jeune de se livrer...

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