Santé

Des centaines d’enfants nés dans la rue, aucune existence administrative… La réalité des accoucheuses de rue

Sarah Frikh
11 min

ENQUÊTE - En France, le nombre de sans-abris a doublé en 10 ans et dépasserait aujourd’hui 300.000. Cette augmentation entraîne le développement des accoucheuses de rue, des personnes qui s’improvisent sages-femmes pour accompagner les femmes enceintes.

adsf camion
Un véhicule ADSF en maraude dans les rues de la capitale.ADSF/Fondation des Femmes

Mi-juin, une femme Sans Domicile Fixe (SDF) a accouché d’un nourrisson décédé dans les sous-sols de Châtelet à Paris. Comme elle, les femmes contraintes de mettre au monde leurs enfants dans la rue sont nombreuses. « On recense 146 bébés nés dans la rue », affirmait en 2019 Gilles Petit-Gats, alors directeur de la coordination et de l’accueil des familles demandeuses d’asiles au sein de la CASP, une association au service des plus démunis. « Ils n’étaient que 100 en 2018 et 49 en 2017 », ajoute-t-il, témoignant d’une « progression fulgurante ».

Anne Lorient est accoucheuse de rue. Elle nous assure réaliser près de 3 à 4 accouchements par mois en région parisienne. À Paris, elles seraient déjà 5. De nouvelles accoucheuses ont fait leur apparition à Marseille, Lyon et en Corse, notamment à Bastia. Ces femmes sont rassemblées dans un groupe WhatsApp pour s’organiser et s’alerter. Leur but est de s’organiser pour accompagner au mieux ces mères sans domicile. Ce groupe leur permet de récupérer du lait, des couches ou tout autre élément nécessaire pour le nourrisson grâce à une chaîne citoyenne, mais aussi des associations d’entraide comme Un petit bagage d’amour, Féminité sans abris, MyMaraude et d’autres.

Les accoucheuses de rue sont très souvent elles-mêmes d’anciennes SDF qui, une fois sorties de la rue, ont décidé de se dévouer pour celles restées en marge. Leur organisation est rodée. Alertées sur les réseaux sociaux ou WhatsApp, elles se rendent aux endroits indiqués avec leur matériel. Leur action, totalement bénévole, est très peu connue. Seuls les Pompiers de Paris sont par exemple au courant de la situation d’Anne Lorient. Elle dispose d’ailleurs d’un numéro spécial pour les alerter en cas d’urgence. Cette femme connaît très bien la réalité de la rue, car elle y a vécu 15 ans et a elle-même eu un enfant dans ces conditions plus que précaires.

C’est sa...

Nos recommandations

s
partagez

Partagez une information avec notre rédaction

Factuel Media. Les faits sont têtus, nous aussi.

Découvrez encore plus

abonnez-vous