Agriculture

En 60 ans, le nombre d’abattoirs en France a été divisé par 7

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ENQUÊTE 2/3 - Près de 1500 abattoirs ont mis la clé sous la porte depuis les années 60, sous le poids de normes sanitaires et de protection animale difficiles à encaisser pour de petites structures. 

Abattoir
Un employé travaille sur une pièce de bœuf à l'abattoir de Begles, qui a ouvert en octobre 2021.UGO AMEZ/SIPA

« Parfois, 50 bœufs par heure y passent. Ce sont des machines. Un abattoir municipal ne peut pas tenir ce rythme. » André, éleveur normand, le constate froidement : un univers sépare les abattoirs Bigard, le leader du marché, des petits et moyens qui émaillent le territoire français et abattent 200 à 2000 tonnes par an. C’est la raison pour laquelle ils disparaissent de la carte ou peinent à se maintenir sans les perfusions des collectivités publiques. Dans les années 60, 1700 abattoirs couvraient notre territoire. Depuis, leur nombre a été divisé par 7. Dans la grande concurrence du volume, née de l’industrialisation de la viande, les petits ne font pas le poids et les gros en profitent.

Parmi les derniers exemples en date, celui de Bourgueil. 250 tonnes par an, unique abattoir de Touraine, placé l’an dernier en liquidation. Il laisse sur le carreau 220 éleveurs implantés à proximité, contraignant certains à transporter leurs bêtes sur plus de 120 km supplémentaires. « Certains éleveurs s’arrêteront là » et mettront la clé sous la porte, garantit Jeannick Cantin, ancien président de la société coopérative gestionnaire de l’établissement. « Les autres conduiront leurs animaux aux abattoirs les plus proches, qui seront ravis de les récupérer », ironise-t-il. Posté à 100 km de là, celui de Sablé-sur-Sarthe - 100.000 tonnes de viande commercialisée à l’année - appartient à Charal, filiale du groupe Bigard.

Pour les poids lourds du secteur, quand un site ne fait pas assez de marge, il suffit de fermer boutique puis de redéployer une partie des effectifs sur d’autres sites plus solides. C’est ce qui est arrivé à l’usine de découpe de viande d’Ailly-sur-Somme, rachetée et fermée par Bigard pour « transfert d’activité ». Les employés ont été en partie redirigés vers les sites voisins de Flixecourt, Formerie et Saint-Pol-sur-Ternoise - plus gros et plus performants.

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