Médical

Euthanasies clandestines en France : « Il y a une forme d’hypocrisie sur ce sujet »

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ENQUÊTE 1/2 – Un projet de loi avec la possibilité d’ouverture de l’aide active à mourir doit être présenté en décembre en Conseil des ministres. Certains médecins n’ont pas attendu pour agir, quitte à pratiquer des actes médicaux répréhensibles.

pentobarbital
Le pentobarbital, un puissant barbiturique interdit en France, utilisé pour l'aide au suicide.CANVA

30 septembre 2022, à Estaires, dans le Nord. François Guillemot, gastroentérologue à la retraite, rend visite à Gilles Guyon. « Docteur, j’ai bien réfléchi. Je suis prêt à faire les démarches pour une euthanasie en Belgique. » Âgé de 81 ans, Gilles Guyon est atteint d’un cancer colorectal, diagnostiqué début 2020 à un stade avancé, incurable. Depuis, il suit plusieurs traitements de chimiothérapie, mais hésite à poursuivre : « Le médecin a insisté, mais je n’en peux plus. Surtout qu’il n’y a plus d’espoir de guérison. Je me demande si ça vaut le coup de continuer ».

Bénévole à l’association pour le droit à mourir dans la dignité  (ADMD), François Guillemot accompagne des personnes songeant à recourir à l’euthanasie en Belgique. La pratique y est dépénalisée depuis 2002. « J’ai été confronté toute ma carrière à la fin de vie », pose le médecin. François Guillemot a pratiqué une dizaine d'aides actives à mourir durant sa carrière. Un acte pourtant formellement interdit en France. La loi Claeys-Leonetti de 2016 prévoit uniquement une sédation profonde et continue jusqu’au décès si le pronostic vital est engagé « à court terme » – entre quelques heures et quelques jours avant le décès, selon la Haute Autorité de la Santé.

« Accompagner la mort fait partie du métier »

Fin septembre 2023, un projet de loi avec la possibilité d’une ouverture de l’aide active à mourir est arrivé sur la table d’Emmanuel Macron. Le texte doit être présenté en décembre au Conseil des ministres. Pendant la campagne présidentielle de 2022, le président s’est engagé à légiférer sur le sujet. Le 9 décembre 2022, une convention citoyenne sur la fin de vie, sur le même modèle de celle du climat, a été lancée. Pendant quatre mois, 184 citoyens tirés au sort se sont réunis avec l’objectif de se documenter et...

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