Société

Excision : la chirurgie réparatrice, bras de fer entre hôpitaux et plasticiens

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ENQUÊTE 2/3 - Face à la méconnaissance du personnel médical, de plus en plus de victimes d'excision expriment leur frustation. Associations et gynécologues critiquent, eux, les chirurgiens esthétiques pour leur pratique de la « réparation génitale », qu’ils jugent trop lucrative ou partielle.

Chirurgie
Yurii Rylchuk/SIPA

462,88 euros. C’est la somme prise en charge par la sécurité sociale pour permettre aux victimes d’excision de bénéficier d’une chirurgie réparatrice, si elles le souhaitent, afin de réduire les douleurs chroniques et pouvoir retrouver une sensibilité du clitoris, mutilé lors de l’agression.

Depuis 2004, la France est le seul pays au monde à pratiquer ce remboursement. Un engagement qui nous vient de l’un des concepteurs de la chirurgie réparatrice, le docteur Pierre Foldès, déterminé à ce qu’elle soit accessible à toutes les victimes. Le Dr Foldès n’a eu que peu d’élèves, et Factuel s’est entretenu avec l’une d’entre eux, la docteure Sarah Abramowicz, qui officie au sein de l’unité de l’hôpital de Montreuil.

Pour la spécialiste comme pour Pendaye Sidibe, que nous avons interrogée dans le volet précédent de notre enquête, les médecins urgentistes et gynécologues sont encore nombreux à ne pas être capables de reconnaître une victime d’excision, ce qui entraîne des risques pour les patientes.

Une méconnaissance des médecins

« En formation, nous n’avons jamais eu de cours, ni de représentation d’appareils génitaux excisés. Nous ne sommes ni sensibilisés, ni formés sur le sujet. Je peux même dire que nous sommes beaucoup à ne pas savoir faire un examen gynécologique digne de ce nom », confesse le docteur B., médecin pédiatre urgentiste dans un hôpital de Bourgogne. Ayant récemment fini son cursus d’urgentiste, il atteste qu’hormis des internes ayant choisi des stages en gynécologie, ce cursus n’est pas obligatoire. Pourtant, lorsqu’il officie aux urgences pédiatriques, le docteur B. serait comme ses collègues l’un des seuls capables de déceler une excision, et donc d’effectuer un signalement préoccupant. « Je pense que j’en ai loupées, oui. Avec le flux des urgences, on ne fait pas systématiquement un examen gynécologique, surtout qu’on n’est pas assez sensibilisés. Alors que l’on sait faire un...

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