Société

Excisions : malgré la loi, les victimes ne portent pas plainte

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ENQUÊTE 1/3 - Selon une étude publiée en 2019, 125.000 femmes françaises ont subi une mutilation génitale. Malgré son interdiction en 2006 et un grand plan initié par le gouvernement en 2019, les victimes ne portent que très rarement plainte.

Excision
Procès contre l'excision, Paris, le 2 février 1999.CHAMUSSY/SIPA

« De mémoire d’homme, nous n’avons recensé aucune plainte depuis 2015. » Ce constat est partagé à Factuel par le parquet des mineurs de Seine-Saint-Denis, département français pourtant le plus touché par des cas d’excision. En effet, 7,2% des femmes résidant en Seine-Saint-Denis auraient été victimes d’une ablation totale ou partielle des parties génitales.

Cette mutilation, appelée « excision », est illégale dans de nombreux pays. Pourtant, certains la considèrent encore comme une pratique « traditionnelle ». Pratiquée sur des jeunes filles mineures de plus ou de moins de 15 ans, cette mutilation génitale du clitoris et/ou des petites lèvres est encore réalisée aujourd’hui, parfois dès le plus jeune âge. Souvent, elle a lieu pendant les vacances d’été, à l’occasion d’un voyage dans le pays d’origine des parents. Mais il arrive aussi qu'elle soit opérée en France.

Cet acte, illégal en France, est généralement effectué à l’initiative des parents ou d’autres membres de la famille par une « exciseuse », mais il arrive aussi que des professionnels de santé le pratiquent, pour des raisons de coutumes. Il peut même donner lieu à des rassemblements festifs pour célébrer l’événement. Pourtant, l’auteur d’une mutilation et le responsable de l’enfant victime peuvent être poursuivis et punis de 10 ans d’emprisonnement, ainsi que de 150.000 euros d’amende, selon le Code pénal. « Les peines sont aggravées, notamment si la mutilation est commise sur un mineur de moins de 15 ans, si l’auteur est un ascendant ou parent légitime, naturel ou adoptif, ou par toute personne ayant autorité sur le mineur », spécifie à ce titre l’article 222-9 du Code pénal. L’excision est encore aujourd’hui présentée par des familles comme une pratique traditionnelle hygiénique, et même protectrice pour les jeunes filles, car elle les rendrait « pures ».

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