Fast fashion

Fast fashion : « On sait mettre en place des règles mais nous n’avons pas les moyens de les faire respecter »

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ANALYSE - Interdiction de la publicité, système de malus… Les parlementaires se lancent à l’assaut de la grande muraille de Shein, afin d'endiguer la déferlante de vêtements à bas coûts de l'entreprise chinoise et tenter de réguler le secteur de la mode. Si les associations de défense de l’environnement qualifient ce texte de « premier pas historique », pour Philippe Moati, professeur d’économie à l’université Paris Cité, cofondateur de l'Observatoire Société et Consommation (ObSoCo), cette loi risque de pénaliser les Français les plus modestes.

Shein
SheinSOPA Images/SIPA

Temu, Shein… En quelques années, les enseignes chinoises de l’habillement à très bas prix ont envahi le marché français. Le jeudi 14 mars, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité des mesures visant à freiner la fast fashion. Cette proposition de loi déposée par la députée (Horizons) de Haute-Savoie Anne-Cécile Violland, soutenue par la majorité présidentielle, veut démoder la mode éphémère. Le texte introduit notamment l’interdiction de la publicité pour la vente des vêtements à prix cassés. Elle prévoit également la mise en place du système de bonus-malus pour tenir compte des coûts environnementaux d’une production excessive.

Factuel. Le mastodonte Shein, 32 milliards de chiffre d’affaires, a multiplié ses ventes par 10 en trois ans et va jusqu’à proposer 7000 nouvelles références de vêtements par jour,  soit environ 900 fois plus qu'une marque française traditionnelle. Faut-il freiner cette mode jetable ?

Philippe MOATI. Sur le plan environnemental, bien sûr ! C’est une gabegie, les vêtements sont produits dans des conditions écologiques et sociales catastrophiques. Je ne suis pas certain que tout le monde en ait parfaitement conscience mais l’habillement est une industrie extrêmement polluante. C’est bon de rappeler que ce n’est pas anodin pour la planète que d’acheter un jean à 10 euros, une veste à 7 euros. Je comprends que les députés aient eu envie de mettre un frein à une pratique qui est complètement à contre-courant de la transition écologique et sociale voulue.

La question est de savoir si la manière dont ils s’y prennent est la meilleure. Qui est dans le collimateur ? Les députés souhaitent établir des règles selon le nombre de références. Or, ce n’est pas un indicateur pertinent pour définir la fast fashion, au contraire. Ces enseignes ont très peu d’invendus vu que les prix sont très bas.

Je partage l’intention des députés, simplement je n’arrive pas à bien...

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