Fin de vie

Fin de vie : « L’aide à mourir signifie faire mourir sur décision médicale »

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ANALYSE - Emmanuel Macron a dévoilé début mars les grandes lignes de son projet de loi sur la fin de vie, ouvrant la voie à une possible « aide à mourir ». Pour Emmanuel Hirsch, professeur émérite d'éthique médicale à Paris-Saclay et auteur de Soigner par la mort est-il encore un soin ? (éditions du Cerf), aucune législation ne permettra de répondre à un dilemme intime et personnel. Il défend le « droit à vivre » alors que seuls 30% des patients qui en auraient besoin ont accès à des soins palliatifs en France.

Fin de vie
Une cadre de nuit aupres d'un patient en fin de vie au dechocage, urgences Marin Driguez/SIPA

FACTUEL. Pour présenter le nouveau « modèle de fin de vie », Emmanuel Macron a choisi l’expression « aide à mourir » plutôt que suicide assisté et euthanasie. Pourquoi le chef de l’État ne souhaite pas utiliser ces deux termes ?

Emmanuel HIRSCH. Rappelez-vous que le 13 septembre 2022, le jour même où il annonçait sa volonté d’une évolution législative, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) rendait public son avis n° 139 : « Questions éthiques relatives aux situations de fin de vie : autonomie et solidarité ». L’intitulé était aussi dilatoire que la terminologie présidentielle. Il n’y est pas mentionné l’aide à mourir. Par le passé, les membres du Comité ont assumé avec un autre courage et sans subterfuges la responsabilité de leurs préconisations. Vingt-deux ans plus tard, les membres de l’instance éthique nationale et les promoteurs de la future loi préfèrent les euphémismes comme si les termes étaient inconvenants, qu’il fallait s’en protéger. Il en est de même dans l’intitulé du projet de loi actuellement soumis au Conseil d’État « relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie ». L’accompagnement par la mort donnée y est présenté au même titre que l’accompagnement palliatif qui pourtant, à son opposé, propose l’humanité d’un soin respectueux de la personne sans abréger son existence. Mobiliser des concepts moraux ou philosophiques pour légitimer la recevabilité d’un homicide médicalisé, suscite la confusion à propos de ce qu’accompagner et soigner signifient. C’est refuser d’énoncer clairement que l’aide à mourir signifie faire mourir sur décision médicale. Cette stratégie politique adossée à la caution éthique ne trompe personne.

Je déplore cette rhétorique tentant en vain de dissimuler ce qui à juste titre fait débat et doit être discuté loyalement. Vingt-deux ans après le vote de loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du...

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