Santé

Houillères de Lorraine : les oubliés de la Moselle-Est

Robin Jafflin
16 min

REPORTAGE - Les ex-mineurs de fond sont aujourd’hui les grands oubliés de la désindustrialisation. Malades et maintenus dans la précarité, ils sont aujourd’hui délaissés au profit d’économies substantielles sur leurs indemnisations.

Mine
Le terril de Freyming-Merlebach.Robin Jafflin/Factuel

L’hiver, la Moselle-Est a ce charme rude qui fait son authenticité. Le plafond y est toujours bas, la brume épaisse, le froid sec. En arrivant à Saint-Avold par l’autoroute, 3 mastodontes de béton au teint passé et fumant émergent. La centrale thermique Émile-Huchet - du nom d’un ancien directeur des Houillères de Lorraine - trône ici, face à l’ancienne cokerie, aujourd’hui transformée en plateforme pétrochimique. Une large conduite rouillée traverse la 2 x 2 voies qui sépare les deux édifices, vestige d’un temps révolu où le charbon était extrait, transformé et consommé dans un rayon de moins de 10 kilomètres. En remontant vers l’Allemagne, à 4 kilomètres à peine, nous tombons sur L'Hôpital (prononcer “schpital” en sarrois), le dernier village avant la frontière.

Ici, beaucoup de commerces sont fermés ou à vendre. Un petit supermarché discount fait face à l’église. Son parking est orné d’un panneau publicitaire pour une entreprise de pompes funèbres. Ici et là, des objets et une fresque rappellent le passé minier de la commune. Ils semblent régner sur la petite ville comme des reliques dans une cathédrale. Du haut de la rue principale, on peut apercevoir les cheminées de la centrale crachant leur épaisse fumée blanche. Un parfum, entre la peinture à l’essence et le charbon calciné, prend au nez. Un bistrot est ouvert. Trois hommes boivent un café-schnaps accoudés au bar. Il est 8h30. Le gérant, la trentaine, semble étonné de voir un visage qui ne lui est pas familier. Rapidement, la mine arrive dans la conversation. « Tiens, je le connaissais lui. Il bossait avec moi au fond », lance un des hommes en feuilletant les pages nécrologie du Républicain Lorrain, le journal local. « On avait le même âge », finit-il par conclure.

Une précarité économique et sociale entretenue par l’État

À quelques centaines...

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